De ces deux rappeurs-là non plus, on n’a pas fini d’entendre parler.
Caballero, né à Barcelone, vit à Bruxelles depuis tout petit, compte une douzaine d’années de rap à son actif et une poignée de projets (Le singe fume sa cigarette en 2013, Le pont de la reine en 2014…). Quant à JeanJass, le grand Carolo, il est issu du groupe Exodarap, a œuvré avec Le Seize, le producteur bruxellois, et s’est aussi lancé en solo il y a deux ans (l’ep Goldman). Tous deux avaient des amis communs, alors…
Réseaux, connexions et collaborations dessinent une scène belge dense et active. Sur laquelle le duo, qui vient de lâcher un Double hélice bien séduisant, occupe le créneau cool, presque planant. « Six beatmakers différents ont contribué à cet album, commente JeanJass. C’est beaucoup mais il a quand même une atmosphère, une couleur. Ce que je retiendrais, c’est le côté sourire. Ce projet-là fait sourire les gens qui l’écoutent ou qui viennent nous voir aux concerts.»
Sur ce disque pas prise de tête, même les egotrips sont rigolos. Caballero : « L’egotrip, c’est le style libre, en général. C’est le plus facile à écrire, le plus abordable, mais comme tout le monde peut le faire et que quand tu rentres dans l’egotrip, tu vas tout de suite dans la compétition, il faut tirer ton épingle du jeu en essayant de le faire de manière plus originale. Tout le monde peut dire qu’il est le meilleur, alors voyons qui le dit le plus finement. »
C’est aussi grâce au «réseau» que Double hélice s’est construit, réseau par lequel JeanJass et Caba côtoient depuis longtemps ou plus récemment ces fameux beatmakers. « On demande s’il y a des packs d’instrus, on choisit ceux qui nous plaisent, on reçoit les pistes séparées, on bosse sur les morceaux et on les leur renvoie pour avoir leur avis…» JeanJass : « Notre seule recette, c’est la spontanéité. On n’a pas passé une semaine sur chaque morceau! » Dire qu’il fut un temps où accoucher d’un album de rap en Belgique prenait des années! « Ce qui a beaucoup changé, c’est le nombre de morceaux sur les projets. Aujourd’hui, rares sont ceux qui vont mettre 18 ou 20 morceaux sur un album. » Parce que la consommation de musique a changé, et que pour suivre, il faut bosser. Caballero : « Nous sommes des mutants, des 2.0, nous nous sommes adaptés à la consommation de la musique, plus rapide et plus éphémère. »
Didier Stiers
(Photo : Benoît Do Quang)
Caballero & JeanJass aux Ardentes, samedi 9, 16 h 30, HF6