Ardentes jour 1 : une trompette et puis Indo

Ça ne pouvait pas vraiment être pire, et donc entraînement à Werchter aidant, nous étions prêts à nous coltiner une fois de plus une météo déplorable. Mais non, rien… Pas une flaque de modder(fucker), pas une goutte de pluie, nada ! Ce mercredi aux Ardentes, c’est enfin l’été ! Avec Ibrahim Maalouf pour nous en faire la bande-son.

Cette première après-midi se vit donc dans la quiétude, ou presque. Promesse de boulets, de bière trappiste de fermentation haute : c’est parti ! Sur la main stage, la seule à fonctionner aujourd’hui, les frangins Lennert et Janus Coorevits de Compact Disk Dummies, vainqueurs du Rock Rally en 2012, se multiplient pour l’animer au maximum. Ils remettront une petite dose d’électro-pop/rock – et de voix à la Mika/Jasper Steverlinck le 14 août au Brussels Summer Festival et le 19 au Pukkelpop.

Frontstage - CDDummies

A côté du bar pro, avec « pro » comme « professionnel », Vincent Liben accompagne à la guitare acoustique Lisza : leur chanson française tout en douceur se teinte de mélancolie. Ibrahim Maalouf, qui passait par là avant de s’embarquer dans le taxi de Jérôme Colin, filme leur belle reprise de « La confession » de la défunte Lhasa. L’album de Lisza sortira en janvier prochain.

Inviter le trompettiste Ibrahim Maalouf dans un festival tel que les Ardentes relève du pari risqué pour un organisateur comme Fabrice Lamproye. Risqué mais réussi : il y a non seulement du monde au pied de la grande scène à l’heure où l’artiste libanais y apparaît entouré d’un groupe conséquent, mais il n’a beaucoup de mal à se mettre ce public dans la poche. Ce n’est pas juste un mec qui joue de la trompette d’ailleurs. Maalouf se multiplie, dans ses Stan Smith, joue les chefs d’orchestre d’un groupe qui passe allègrement du rock au funk avec détour, quand même, par le jazz. Et se livre à un amusant duel avec un biniou sur un mode un peu plus folk trad. Le concert trois étoiles de la journée !

Frontstage - Maalouf

Une définition du courage ? Ça pourrait être quelque chose comme : « Jouer tout un concert devant des fans d’Indochine quand on s’appelle Suede. » Le groupe dont on n’attendait plus rien de particulier mais qui n’en est pas moins revenu avec un album honorable (Night thoughts, en janvier dernier), ouvre avec « Europe is our playground », la ballade au riff lancinant écrite en 96 par le bassiste Mat Osman (une « classic B-side », dixit le NME). Le son est assez saturé, pour cette (re)visite des nineties, mais Brett Anderson ne s’économise en rien. « Animal nitrate », « Metal Mickey », une chouette version acoustique de « She’s in fashion », pédale douce sur le mélo : rien n’y fait ! Les Anglais se produisent dans une sorte d’indifférence qui fait un peu peine à voir. D’indifférence, ou d’attente…

Frontstage - Suede

Indochine, donc… Résumons : gros budget confettis/serpentins mais, comme l’ajoutait un camarade, petit budget ingé son. De ce point de vue, le travail avec moufle va se poursuivre pendant une bonne partie d’un concert certes très généreux. Sirkis & co sont de retour aux Ardentes « dix ans après » : le groupe était à l’affiche de la première édition du festival, celle, aussi, de la finale de la Coupe du Monde de foot et d’un certain coup de tête zidanesque… En 2016, il s’y livre à une sorte de best of (pour l’essentiel), soigne sa mise en scène (projos impressionnantes, éclairages soignés), noie dans les beats du pot-pourri Black City Club une série de tubes (« Canary bay », « Des fleurs pour Salinger »,…), dézingue le « Heroes » de Bowie et peut compter sur l’armée de fans ici présente (trois générations, si mes calculs sont exacts) pour chanter à fond sur tous les morceaux. Dont le ratio thème/engouement laisse toujours perplexe l’observateur neutre. Toujours et parfois même de plus en plus.

Frontstage - Indo - 2

Cela dit, il y aura encore de l’Indochine à se mettre sous la dent ces jours-ci, pour qui veut : un documentaire inédit, intitulé Road Tour Film (la tournée européenne, donc), sera proposé en exclu sur TIDAL.com/Indochine, ce jeudi 7 juillet à 20h. Ouvert à tous sans abonnement, nous précise-t-on.

Et pendant ce temps, le Portugal gagne son premier match de l’Euro et va en finale. Y’a des jours comme ça…

Didier Stiers
(Photos : Mathieu Golinvaux)

 

Setlist Indochine : Le baiser – Heroes (cover David Bowie) – Marilyn – Little dolls – Punker – Miss Paramount – Le lac – College boy – Tes yeux noirs – J’ai demandé à la lune – June – Adora – Alice & June – Black City Club : Canary Bay, Des fleurs pour Salinger, Paradize, Satellite, Astroboy, 3e sexe, Black city parade – Trois nuits par semaine – L’aventurier

 

 

Didier Stiers

commenter par facebook

18 Comments

  1. Michalowski

    7 juillet 2016 à 15 h 10 min

    Bon résumé de la 1ere journée aux Ardentes.

    Ibrahim Maalouf est vraiment une belle surprise (vu à Taratata, j’étais curieux de le voir en “live”).
    Hyphen Hyphen, on en redemande … quelle énergie !
    Suède … dans l’indifférence, oui, et pour Indochine, c’est une fois encore un karaoké géant, mais avec un son côté scène, assez lamentable

répondre

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *