Pukkelpop jour 2 : Beat génération

Vendredi, pas question de se laisse couler. Tel le Capitaine Igloo qui vient de valser par-dessus bord, on tend ses petits bras vers une hypothétique bouée… Rien de mieux que quelques « habitués » pour vous tirer au sec.

Les mecs de Sleaford Mods, quand on les retrouve sur scène, on a toujours l’impression de les avoir quittés la veille. Andrew reste planté derrière son laptop, bouteille dans une main, un doigt de l’autre pour cliquer et lancer la série de beats suivante. Jason, l’animal énervé, balance ses commentaires socio-humoristico-acides en circulant sur son mètre carré. Dingue ce que ce mec arrive à faire passer avec et dans sa voix. Y compris quand elle chipe un petit fifrelin d’accent à celle de John Lydon. Il s’excuse pour le Brexit et s’en va postillonner de plus belle. Pas de « Jolly fucker » sur la setlist, mais bien « Tiswas » et « Jobseeker ».

Frontstage - Sleaford

Quand on va écouter Crystal Castles, il ne faut pas trop avoir peur pour sa petite santé. Entendons-nous : les beats qui secouent les cages thoraciques avec une sorte d’exubérance malsaine, ça va. C’est surtout que le duo de Toronto (complété par un batteur) aime les flashlights et en balance partout presque tout le temps. Pour un peu, on en oublierait qu’Alice Glass n’en est plus, et que Edith Frances qui l’a remplacée a du mal, sur scène en tout cas, à donner une nouvelle présence vocale au tandem. « Suffocation » qu’ils disaient…

Que dire encore des Chemical Brothers quand on vient d’aller chalouper chez Kaytranada, dans ce Boiler au plafond duquel de gros ballons vont et viennent dans des tubes transparents ? En 2016 ? La formule concoctée par les frères chimiques n’a pas beaucoup évolué au fil des ans. Tom Rowlands et Ed Simons s’effacent sous le déluge de beats et d’effets millésimés nineties (tiens, une sirène !), misant toujours au moins autant sur leurs projections hypnotiques. Etres de lumière, formes géométriques, clowns au sourire carnassier, insectes agrémentent « Sometimes I feel so deserted », cet « Hey boy hey girl » envoyé en début de set comme un rappel des troupes, ou encore, cet autre monstre qu’est « Block rockin beats ».

Frontstage - Chemical - 1

Finalement, comme le dirait notre excellent photographe, il ne peut en rester qu’un. Aux petites heures (une heure, précisément), on sort encore les grattes, au Pukkel. En tout cas, celle, transparente, de John Dwyer, à la tête de Thee Oh Sees, « ze » groupe rock du jour. Devant, ça frotte et ça se bouscule très vite, puis ça s’asperge joyeusement de bibine toutes les 3 minutes. Sur scène, les deux batteurs martèlent comme des furieux, sans faiblir, alignés come dans un défilé de l’Armée Rouge. C’est visuellement accrocheur, mais le tandem génère aussi une énergie que Thee Oh Sees ne dégageait pas autant auparavant. Chouette variante donc, y compris dans les moments très punks, même l’un ou l’autre passage purement instrumental s’avère plus dispensable parce qu’on peu long.

Frontstage - Thee Oh Sees

Didier Stiers
(Photos : Mathieu Golinvaux)

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Didier Stiers

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