Près de 43.000 personnes ont passé leur week-end aux Solidarités à Namur. Un week-end entre fun et réflexion.
En 2014, à la Fête des Solidarités, on promettait de ne rien changer à une formule qui n’était pas un ixième festival (sic). Et 28.000 visiteurs avaient alors fait la grimpette jusqu’au sommet de la citadelle de Namur. Puis 36.000 en 2015…
Activités et animations (stands, films, théâtre, débats, saut à l’élastique, carrousel…) traduisent toujours l’engagement. Au pilotage : la mutualité socialiste Solidaris. Quelque 30 concerts, parmi lesquels ceux d’Alice On The Roof et Souchon/Voulzy, les têtes d’affiche incontestées du deuxième jour, Les Innocents, Kids United, Nekfeu, Chamfort ou encore Baloji, rassemblent un public essentiellement familial. Et détendu.
Samedi, on dénombrait ici environ 24.000 spectateurs, Louise Attaque oblige. Complet, donc, cet endroit que les organisateurs, dixit Martin Wauthy, coordinateur de l’événement, ne quitteraient pour rien au monde !
Et du monde… il y en a ce dimanche aussi (19.000 visiteurs), qui déambule, et cherche de l’ombre sur un site élargi d’un tiers. Le Maquis, l’espace inauguré cette année, est arboré. Ça tombe bien, même si tout a été fait pour que personne ne souffre de la canicule : une bouteille d’1,5l (scellée) autorisée par personne, points de distribution d’eau gratuite, distribution de chapeaux, arrosage du public par les pompiers (samedi)… A propos de chapeau, on a bien aimé celui de François Hadji-Lazaro, l’ancien des Garçons Bouchers, en grand écart entre accordéon punk et chansons pour enfants.
S’il fait plus supportable, il monte toujours autant de poussière de l’esplanade où, sur la grande scène, Mustii oublie la nuit blanche qu’il vient de passer. Hier, il jouait très tard à Scène sur Sambre, et là, sur le coup de 12h40, il se multiplie devant un public déjà conséquent. Où quelqu’un a confectionné un renard en papier mâché dont il ne manque pas de se saisir. Private joke : il paraît qu’au festival des barges, il y en avait un dans la déco, rapidement baptisé Michel… Pour l’heure, Thomas Mustin reprend Bowie – son « Heroes » électropop a plus d’allure que le « Moonage daydream » dézingué par Eagles of Death Metal au Pukkelpop – et termine, comme il se doit, avec « Feed me ». Oui, ce garçon a une voix !
Pas de chance pour Tiken Jah Fakoly : deux vols annulés par Air France l’ont coincé à Bamako. Un coup des souris ?
Un réaménagement d’horaire plus tard, les rappeurs de Starflam, toujours explosifs, jouent les remplaçants au pied levé dans le Théâtre de Verdure. Autre solidarité… Dans les premiers rangs, un type porte un t-shirt marqué d’un définitif « Fuck hipsters, old school rules ». C’est un peu ça, quand on entend « El diablo » ou « Ce plat pays » : pas seulement une question de beats ou d’énergie sur scène car, pour dire les choses, ces mecs sont toujours là au rendez-vous, et il faudrait être sourd pour ne pas s’en rendre compte !
La toute grande foule, elle, n’aurait raté pour rien au monde celui fixé par Alice On The Roof. Ici comme dans d’autres festivals de l’été, tous ou presque la connaissent. Au moins autant que le « Dancing queen » d’Abba glissé dans sa setlist. Même engouement pour Les Innocents au Théâtre de Verdure, tout plein pour reprendre les refrains d’« Un monde parfait » et « L’autre Finistère ». J.P. Nataf et Jean-Christophe Urbain présentent leur répertoire en épousant la philosophie des Solidarités : bien joué ! Avant eux et sur la même scène, poing levé, Giedré fait pareil. Enfin, à sa manière : trashi-comique. Ben oui, quand on remplace le cœur avec les doigts par le rond d’un petit anus, qu’on chante une « Ode à la contraception » (en gros : le meilleur moyen d’éviter les enfants, c’est de s’en protéger, c’est moins compliqué que de devoir s’en débarrasser) ou qu’on dispense quelques conseils utiles pour en finir avec une vie foutue (« Meurs »), c’est tout sauf académique. Acacadémique, disons. D’accord, c’est plein de grosses ficelles, et sur la longueur, on les voit un peu, mais ce dimanche, on rit pas mal !
A deux pas du Maquis, l’Urban Village joue les oasis hip hop dans un océan de pop. Ici, que tu sois pâle comme de la maquée, grand avec des lunettes, des boutons (voire les deux), ou un vieux routier du sol, sur « The Mexican » de Babe Ruth, tu as droit aux applaudissements de tous ceux venus voir un peu de b-boying. « Peace, love, unity and having fun » : la devise de la Zulu Nation ne détonne pas dans le programme. A l’œuvre derrière cet Urban Village, entre autres : les danseurs de Namur Break Sensation, les mêmes qui animent (avec les Rocking’avengerz) l’impro de Starflam dans l’après-midi.
Hip hop encore : Roméo Elvis (avec Primero en backeur et Le Motel aux platines) tient la scène, lui aussi en vieux routier. Le fiston de Marka et Laurence Bibot retrouvera ses parents un peu plus tard, pour un Magic Stoemp, une sorte de « Bruxelles all stars » incluant le Allez Allez quasi d’origine, Akro, Marie Warnant et l’inénarrable Dop en totale bête de scène. Mais d’abord son concert à lui, avec trois Ulysse dans le public, bouclé par l’emblématique « Bruxelles arrive ». Ou « Namur arrive », c’est selon. Et c’est pas faux non plus, dans la bonne humeur.
Didier Stiers
(Photos : Joakeem Carmans)
sarah_LPC
30 août 2016 à 16 h 03 min
Foule (pas que) sentimentale | frontstage/ https://t.co/RR5vIWJF2g #baloji
LesSolidarites
31 août 2016 à 17 h 31 min
RT @didierstiers: Un dimanche aux #solidarites16
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