Les pionniers de la house à la française sont de retour aux affaires, quasi dix ans après leur précédent album.
Hubert Blanc-Francard et Philippe Cerboneschi, alias Boom Bass et Zdar, sont cueillis par leurs obligations dès leurs premiers pas sur le site du Pukkelpop. «On vient d’arriver, on n’a pas encore eu le temps d’aller voir un seul concert. Et après les interviews, on va aller faire des « aum » pour se concentrer.» Bonne humeur! Quelques heures plus tard, ils mixeront au Dance Hall, un peu perturbés par une panne de courant…
L’album s’intitule «Ibifornia» parce que… Ibiza et Californie?
Zdar. Ça peut être ça. Mais il y a un autre petit truc qui s’appelle «fornia». Attends… La Wallifornia! Je m’en souviens très bien, c’est nos copains de Partyharders!
Vous avez pas mal de liens musicaux avec la Belgique?
Z. On a beaucoup de copains ici. Et la dernière tournée qu’on avait faite, c’était ici. C’est notre pays d’adoption!
Boom Bass: Moi, j’ai du sang belge, donc je me sens proche de ce pays.
Z. Et moi, mon premier mec était belge…
C’est cool! Et sinon, un artiste, ou une musique qui vous ramène tout de suite à la Californie?
B. Pour la Californie, même s’ils sont de la côte Est, c’est Steely Dan. A leur époque musicale californienne. Et Brian Wilson. Ce sont deux influences, à des degrés éloignés, qu’on est peut-être les seuls à pouvoir entendre dans Ibifornia, sinon ce serait prétentieux de vouloir se comparer à eux. Mais il y aurait cette recherche et ce plaisir de l’harmonie.
Z. Pour la Californie, ce serait le lien entre Michael Jackson et Van Halen. Et Metallica. Ce sont trois groupes et artistes qui ont été hyper importants pour moi. Bien sûr en incluant aussi Steely Dan et les Beach Boys.
Et Ibiza?
B. J’ai moins de références musicales venant de là, si ce n’est le clubbing…
Z. Il y a vraiment un mec, un DJ, qui a «éduqué» l’idée que j’avais d’Ibiza: c’est Joey Sa Trincha. Il jouait dans les années 90 sur la plage de Sa Trincha, que pour des perchés. A l’époque, c’est par exemple la première fois que tu voyais des filles qui avaient des tatouages, alors que maintenant, c’est un truc complètement normal. Les gens étaient assez beaux, les filles étaient hyper jolies, c’était n’importe quoi, en plein jour, au soleil, et ce mec jouait. J’ai appris qu’il avait recommencé, d’ailleurs. Mais voilà, c’est plus tous ces DJ, DJ Pippi, tous ces mecs qui ont ouvert les sons de l’Amnesia, du Pacha… Moi, j’ai juste pu entendre des cassettes mais c’est ça, le son d’Ibiza, la vraie «balearic». C’est pas la minimale de Berlin ou la techno machin. A Ibiza, on devrait toujours être un petit peu teinté de «balearic». Ce qui se passe maintenant, parce qu’il y a un gros retour de la house. Mais il y a dix ans, il n’y avait que de la minimale berlinoise: c’était d’une tristesse abyssale à Ibiza. J’adorais sortir, mais j’allais plutôt voir Villalobos ou Luciano, parce qu’eux apportaient un truc… chilien, quoi!
B. Ibiza, c’est aussi une influence de la terre, de l’énergie qui s’en dégage, des gens…
Z. C’est notre endroit préféré au monde!
Ce retour de la house doit vous plaire?
Z. Ouais, c’est assez cool. Après… j’en parlais l’autre jour avec un copain DJ, Tiga, qui adore la techno, et on se disait que la house, c’est quand même une sorte de confort zone et, comme toujours, tout le monde se jette dessus. Tout le monde joue… pas obligatoirement super bien. Mais je suis très content qu’il y ait un retour de la house, et ce qui est bien est… est vraiment bien.
B. Ce qui serait positif, c’est que ce retour de la house soit associé aussi au retour de la danse. C’est en train de revenir, mais ce n’est pas encore vraiment là. Parce que c’est aussi ça, au départ, le clubbing: tu y vas aussi pour danser. Et ça s’était un peu perdu.
Didier Stiers
Notre critique * * et l’écoute intégrale sur Deezer.