C’est pop, c’est francophone et c’est une petite dose de folie douce, Le Colisée. A savourer en live et avec un nouvel ep.
Quand il a remporté le concours Du F Dans Le Texte, en mars 2013, David Nzeyimana chantait dans un très joli costume bleu ciel, imprimé de nuages. Trois ans plus tard, à l’heure où s’annonce un nouvel ep intitulé Vie éternelle II, Le Colisée, c’est toujours lui mais avec un groupe en plus (Raphaël Desmarets, Simon Malotaux, Clément Marion et Vivian Allard). Et s’il a laissé tomber cette improbable tenue, sa pop matinée de jazz est toujours faite d’escapades rêveuses. Bienvenue dans un univers habité par… un étudiant en philo qui rapplique tout juste d’un examen oral.
Qu’est-ce qui a fait qu’aujourd’hui Le Colisée est devenu un groupe ?
David Nzeyimana : Depuis le début, j’avais en tête qu’ils me rejoignent. Ce sont des amis du lycée, et on avait déjà joué ensemble. Sauf qu’au départ, j’avais vraiment besoin d’être seul parce qu’en groupe, je trouvais qu’on se reposait quand même fort les uns sur les autres. Par exemple, je ne prenais pas la peine d’apprendre à mixer parce qu’il y en avait un qui savait le faire. Ou d’apprendre plus que la base en programmation. Je voulais d’abord travailler un peu seul pour être obligé de tout apprendre. Après quelques années, on s’est retrouvé ensemble en étant un peu plus conscients de ce qu’on faisait.
Le projet a pas mal évolué aussi, d’après toi ?
Au départ, c’était encore un autre projet de pop rêveuse, avec un son lo-fi, mais ce n’était pas plus voulu que ça. Je n’avais tout simplement pas beaucoup de matériel.
L’écriture n’a pas tellement changé, par contre.
Je pense, oui. J’ai le sentiment d’être toujours en train de parler des mêmes thèmes, mais simplement de les « updater » à chaque fois. Dans mes premiers morceaux, comme « La fin des temps » et « Barcelona », je parlais du moment où je les écrivais. Dans « La fin des temps », c’était « bon, on est fin 2012 et apparemment, c’est la fin du monde ». Dans Barcelona : « Je suis en train d’écrire un morceau qui s’appelle Barcelona et je ne sais pas trop pourquoi, je suppose à la fin que c’est parce que ma copine est à Barcelone et qu’elle me manque ». Aujourd’hui, ce qui est resté malgré les changements de son, de style, d’état d’esprit, c’est cette espèce de mise à jour. Au Botanique, j’ai chanté un morceau dans lequel j’expliquais que François de François & The Atlas Mountain m’avait demandé de chanter avec son groupe, mais que je ne savais pas trop que choisir parce que je voulais aussi passer du temps avec mes copains. Bon, à côté de ça, je raconte parfois autre chose que juste ma vie, mais j’ai le sentiment que ça reste quand même assez central. Sur le premier ep, Vie éternelle, je me demandais pourquoi j’étais en train de l’enregistrer…
Pourquoi ?
Je suppose que j’ai envie de laisser une trace, et là, c’est une sorte de vie éternelle un peu virtuelle. Celui-ci s’appelle Vie éternelle II, c’est comme un update : je n’ai plus trop peur de ça, maintenant que c’est fait, voilà, on a laissé une trace, et le disque est beaucoup plus léger. Dans « Age of love », j’ai compris que je ne vivrai pas toujours, et j’explique que tant que je suis là, je vais essayer d’aimer le plus possible.
> Ce qui est constant aussi en tout cas, du moins il me semble, c’est cette légèreté dans les compos, ce petit truc aérien, « dreamy » même…
Disons que la musique que je fais et une sorte de reflet de ma vie intérieure. Je pense que j’ai fort besoin que les choses soient un peu floues. Quand on est sur scène, j’adore qu’il y ait de la fumée ! J’adore ne pas trop voir, même par exemple le bassiste qui est à côté de moi. C’est comme si j’avais cette espèce d’épiphanie quand tout est brouillé. Quand tu es à une soirée, qu’il fait trop noir, que la musique va trop fort, c’est comme si tout à coup tout devenait plus clair, que j’arrivais à comprendre toute une série de choses. Si je prends Vie Eternelle I, ça se traduit par le fait que j’ai mis beaucoup de réverbe sur les instruments, que ma voix était un peu en retrait. Sur le nouvel ep, les sons sont beaucoup plu snets, beaucoup plus précis, mais il reste quand même, dans les accords, dans les couleurs, dans les textures, quelque chose d’un peu diffus. Je ne suis pas celui qui a le plus facile à comprendre les autres, sauf quand j’écoute de la musique. C’est donc ce que j’essaie de faire : retranscrire un état d’esprit de manière à le rendre compréhensible.
> Tu aimes être dans le flou pendant les concerts, mais tu finis aussi par aller chanter de le public, au milieu des gens…
Parfois, j’avais l’impression que si je n’y allais pas à ce moment-là, je n’arriverais pas à me faire comprendre. C’est assez difficile à expliquer. Même dans ma vie quotidienne, je suis assez tactile… Je crois qu’à Dour et aux Nuits Botanique, c’est sur le même morceau que je suis allé dans le public. C’est comme si à partir du moment où les mots se font un peu mystérieux pour moi, au moins le contact, ça c’est clair. C’est comme si à ce moment-là, je n’ai pas spécialement envie de communiquer par la musique et par les paroles, j’ai juste envie de toucher quelqu’un et j’ai l’impression alors que ça va tout changer. Mais je ne sais pas exactement d’où ça vient. Peut-être le fait d’avoir un peu trop regardé les vidéos de Mars Volta sur YouTube ? Enfin, je ne sais pas s’il va dans le public, mais il faut le foufou sur scène.
Didier Stiers
(Photos : Yasmina Bourakadi)
En concert le 9 septembre à 23h30 au Live Club à Liège dans le cadre du Sioux Festival, et le 24 septembre à l’Atelier 210.
Vie Eternelle II, sortie le 20 septembre.