Minitrip à Eurosonic, deuxième jour… On a tenu bon malgré le crachin glaçant, la neige et la croquette fourrée à l’œuf, la spécialité des « murs à snacks » locaux.
Y’a toujours autant de vélos, dans cette ville d’étudiants où pullulent les bars. Ceci explique peut-être cela. Quant aux disquaires, ils sont en nombre et jouent à celui qui pratiquera le prix le plus élevé ! Un vinyle d’occasion coûte un bras, du coup, si tu en achètes deux, tu dois demander de l’aide pour les jouer sur ta platine… Sinon, côté concerts, c’est toujours l’embarras du choix !
Jeudi 12 janvier
A Groningue, certains magasins de disques, puisqu’on les évoquait ci-dessus, se sont eux aussi mis à l’heure de l’Eurosonic. Dans l’après-midi, le Plato propose ainsi une petite affiche de showcases. Ce jeudi, Tanguy Haesevoets/Témé Tan fait danser entre les rayons soul et pop. « Améthys » et surtout « Ça va pas la tête », c’est de l’afropop parfaitement d’à propos pour faire oublier la météo. Grimpent à sa suite sur la petite scène improvisée les messieurs de Warhaus, le projet perso de Martin Devoldere, chanteur et compositeur de Balthazar. Balthazar qui est bien représenté, entre parenthèses : J. Bernardt, soit Jinte Deprez, l’une des voix mais aussi le guitariste et violoniste du groupe, est également au programme de cet Eurosonic. Bref… Warhaus se fend de quatre petites chansons intimistes et puis s’en va : la « vraie » scène, ce sera pour ce soir au théâtre de la ville.
Il est 17h30. Dehors, il fait toujours aussi humide. Le plan resto mexicain en comité Soir/Focus/Moustique/Ardentes tombe pile pour se préparer à la suite. Parce que voilà, côté concerts, ce soir, on teste les limites du système « premiers arrivés, premiers rentrés » en vigueur ici. Voyez-vous, quand le Hollandais travaille pour un service de sécu, il est ferme. Courtois mais ferme. Et les salles sont souvent petites. Alors pour peu qu’on n’y arrive pas assez longtemps avant le début d’un set, on n’y entre qu’au fur et à mesure de ceux qui sortent, le Hollandais susmentionné assurant un comptage strict. Résultat : attendre dans un couloir, ça peut encore, mais dehors, un 12 janvier, c’est juste bon pour choper des maladies !
On se passera donc de Siv Jakobsen, la Norvégienne folk, pour aller écouter les deux derniers morceaux de Mother’s Cake. Des Autrichiens. On dirait du Led Zep, sympathiquement joué mais chanté d’une voix fort lisse. Pour les mêmes raisons de salle pleine, on se passera également de Mario Batkovic, l’accordéoniste fou originaire de Bosnie, installé en Suisse et camarade notamment de Geoff Barrow. En attendant, on réécoutera Quatere, son premier album (le suivant arrive en mars), ou la session enregistrée pour 3voor12, déjà sur YouTube…
Dans le filet du jour… Gurr, des Berlinoises qui mettent un peu de garage dans leur surf pop. C’est peps. Rien de neuf sous le soleil du punk anglais d’Idles. Et Jakob Kobal, lui, joue une pop folk un peu à la Kings Of Convenience. Dixit le programme. Il y a certes de cela dans la guitare acoustique du jeune Slovène, qui prie ses musiciens d’aller patienter avec une bière pendant qu’il joue deux titres en solo. Un peu mornes : le groupe lui va mieux, d’autant qu’il compte un multi-instrumentiste sachant faire groover clarinette et clavier.
Un autre qui sait ce qu’est le groove, c’est Declan McKenna. Un gamin (il a 18 ans) épaulé par un groupe de gamines (à vue de nez), mais quelle voix assurée dites donc ! Pas un papier sur lui dans lequel on ne peut lire « petit prodige ». Et côté textes, ça change des habituelles sucreries sentimentales : cet Anglais-là chante aussi bien les scandales à la Fifa (« Brazil ») que les ados transgenres (« Paracetamol ») et a pour devise, paraît-il : « Que ferait David Bowie dans ce cas ? » En chemin, on croise Paul-Henri Wauters, le programmateur du Bota, consciencieusement venu vérifier : Declan McKenna sera chez lui le 4 février.
Vu hier dans le Off, Abdomen se produit aujourd’hui sous les plafonds peints d’une salle joliment baptisée Lola. Les cordes vocales du grand escogriffe ont tenu, alors il remet ça, toujours à fond dans son truc. A fond dans son truc aussi : Aurélie Poppins, de Cocaine Piss. Les Liégeois font partie de la caravane Belgium Booms. Ce soir, ils sont à l’affiche du Off (intense malgré quelques interruptions entre certains titres) et ce vendredi, ils joueront à L’Etage. D’où un chroniqueur du local Dagblad Van Het Noorden ramènera un texte qualifiant ce deuxième concert de « freakshow », à la fois « amusant » et « inquiétant ». Et de conclure en évaluant leurs chances de percer à… 1%. Dans le même papier, Bazart, c’est du 80% et Kel Assouf du 90%. Mais ils ne font pas pipi des paillettes !
À suivre.
Didier Stiers
(Photos : Jorn Baars/Eurosonic)