Les paradis retrouvés de Christophe

Samedi soir, dans un Cirque royal comble, Christophe a touché au sublime, livrant le meilleur de son art dans des conditions parfaites.

La musique de Christophe Bevilacqua, 71 ans, est à ce point délicate qu’elle exige un confort d’écoute que ne peut offrir un festival d’été, on s’en était rendu compte l’an dernier aux Ardentes. Ici, au Cirque royal, devant un public tout ouïe, bien décidé à profiter au maximum d’un artiste qui se trouve actuellement au faîte de son art, c’était parfait.

Des soirées comme celle-ci, qu’a ouverte le jeune Adrien Soleiman à la plume fort prometteuse, on en redemande. Surtout quand Christophe décide de commencer par les perles de son dernier album, Les Vestiges du chaos. Plus besoin de films ni de danseurs cette fois, la musique dense et tendue suffit à elle-même, juste dessinée par des lumières, des ombres et des silences. Le corps du chanteur se dessine dans le noir pour mieux diriger l’attention vers l’essentiel: cette partition qui touche au plus profond de l’âme. Les passions de Christophe sont finement conviées au banquet: Lou Reed en lettres lumineuses sur “Lou”, Alan Vega invité dans un juke-box vidéo aux allures de robot pour “Tangerine”, Alain Bashung enfin via la reprise originale d'”Alcaline” en compagnie du violoncelliste bruxellois Jean-François Assy, qui a accompagné Bashung mais aussi Sheller, Tiersen, Miossec ou encore Daan. Sax baryton, clarinette basse, violoncelle… Les sonorités ont de quoi vous émouvoir au plus haut point, quitte parfois à faire passer la voix au second plan, les mots tendres comme “Les mots bleus” faisant partie d’un tout. La deuxième partie se doit de faire baisser un peu la tension, Christophe veut aussi un peu se relaxer en discutant, verre de Jack Daniel’s en main, laissant chanter le public sur ses incunables “Les marionnettes”, “Paradis perdus”, “Comme un interdit”, “La dolce vita”, “Senorita”… Autant de souvenirs revus et corrigés en duo, avec chaque fois un musicien différent.

Pas besoin de rappel après “Chiqué chiqué” qu’on n’avait plus entendu depuis longtemps et un “Aline” d’une puissance inédite.

Des artistes qui parviennent ainsi à éblouir avec un catalogue d’hier et d’aujourd’hui, avec une modernité et une force exceptionnelles, on les compte sur les doigts d’une seule main.

THIERRY COLJON
PHOTOS DOMINIQUE DUCHESNES.


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1 commentaire

  1. Fred

    12 février 2017 à 14 h 41 min

    Et tu étais juste parfait, comme chaque fois.

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