Drake en représentation au Sportpaleis

Le rappeur star est venu présenter mardi son multiplatiné Views au Sportpaleis d’Anvers. Un premier de deux concerts qui nous a laissé sur notre faim.

Il arrive avec le quart d’heure traditionnel de retard sur l’horaire dans un vilain survêt’ à capuche et d’emblée, ne tient pas en place. Il parle beaucoup aussi. Lui, le plus gros vendeur de disques de 2016, n’est là que pour une seule et unique raison, dit-il : « Vous faire passer, Anvers, la meilleure soirée de votre ‘ucking vie ! » Bon, on n’en est pas là, mais il donne, Drake. Dans ce décor de gigantisme, tout petit sur cette grande scène, il court d’un côté à l’autre, s’entiche des premiers rangs, parle et parle encore jusqu’à en oublier de rapper.

De quoi il parle ? D’amour. Enfin qu’il dit. Des « comment ça va, Anvers ? » à tout va. Il sait où il est, c’est déjà ça. Mieux, il change les paroles pour placer la ville hôte. Il sait aussi combien de personnes sont présentes. Drake a les chiffres en tête. C’est son boulot. Il divertit. Un entertainer, c’est ce qu’il est. Un vrai de vrai.  Et il prend son boulot au sérieux. Il est même probable qu’il adore ça.

Mais voilà, malgré ses mots d’amour à son public, il reste loin, Drake. Tout seul (ou presque) sur cette immense scène, comme « un playmobil dans une baignoire ». Il monte avec les structures amovibles, se perd dans les visuels (assez bien foutus, il faut dire) et garde ses distances. Même quand il utilisera la scène centrale (délaissée pendant une bonne partie du concert), même si il discute sans cesse avec les membres de son public, même s’il est clairement là pour se rapprocher de ce dernier et faire tomber les barrières, il ne le fera jamais totalement, laissant un voile, une marque de séparation entre lui et la foule. Dans ce Boy Meets World Tour qui dit bien son nom, Drake descend parmi nous, mais pas trop quand même.

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Surtout, on est en droit de se demander s’il s’agissait bien d’un concert. Ou d’une représentation ? Là où la scénographie est joliment construite, avec ces boules blanches au centre de la salle qui descendent et s’éclairent de temps à autre, là où les visuels, les pétards et feux d’artifice font le spectacle – à l’américaine, comme on disait -, niveau musique, c’est un peu cheap..

Un DJ qui passe les bandes et la star qui rappe dessus, c’est l’idée. Et encore, une fois sur deux. Il paraît qu’il y avait un supposé aux percus et un autre au synthé, mais on n’a pas entendu grand chose de ce côté-là. Juste les bandes du disque, « envoie la sauce, René ! », et le patron en freestyle dessus – ou pas – et on enchaîne avant même la fin du titre. Sur « Hotline Bling », Drake n’a pratiquement pas ouvert la bouche, son double enregistré faisant le boulot avec la foule qui, de toute manière, était conquise d’avance. Et quand il rappe, le son n’est pas exactement en qualité HD. Brouillon, plutôt. C’est d’ailleurs le mot qui colle à cette soirée dont on ne sait trop s’il s’agissait d’un concert, d’un spectacle ou d’une représentation – la simple venue, en personne et pour les siens, d’une star d’ordinaire intouchable. Doit-on se contenter de cela ?

DIDIER ZACHARIE

Journaliste lesoir.be

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1 commentaire

  1. Claudio

    1 mars 2017 à 13 h 08 min

    C’est un concert de rap hein… Deux questions : est-ce que l’auteur de l’article a 55 piges ? Et est-ce qu’il s’attendait à ce que Drake joue Hotline Bling en accoustique avec une batterie et un synthé? Allé allé c’est pas un concert d’Aerosmith

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