Camille revient et Fishbach arrive, à Bourges

BOURGES
DE NOTRE ENVOYE SPECIAL

Les temps changent, même dans le Berry, au cœur de la France. Et on ne parle pas de la météo même s’il fait beau et froid au lieu de la traditionnelle pluie entre Cher et Loire.
Renaud a donc ouvert cette quarante et unième édition, mardi devant 7.000 fans enthousiastes. En 1978, il avait 26 ans et il faisait ici sa première grande scène. Aujourd’hui la Chetron abîmée a 64 ans, n’a plus de voix, est malade et vote Macron. Mercredi, heureusement, les nouvelles étaient meilleures du côté féminin. A commencer par Camille qui, comme sa copine Emily Loizeau l’an dernier, a décidé de partir en tournée avant même la sortie, ce 2 juin, de son nouvel album, Ouï.
Et on ne l’a visiblement pas oubliée, six ans après Ilo Veyou, car l’Auditorium était bourré massacre. En 90 minutes, Camille ne va pas décevoir ses adeptes toujours friands de sa théâtralité un peu barrée. Sur le parquet installé à même la scène, un immense tissu bleu sous lequel repose une forme se met à bouger avant de se lever et frapper des pieds. Trois choristes danseuses l’entourent, ainsi que deux percussionnistes et leur vingtaine de tambours de tailles diverses et un claviériste.
La « Björk française » ne fait pas le choix de l’électro, histoire de ne pas faire comme tout le monde et se concentre sur les sonorités primitives pour un long concert pour voix et percussions. Son gospel païen fascine plus qu’il ne dérange. Car Camille la tragédienne n’oublie jamais d’être drôle. Telle Marie-Louise Fuller ressuscitée par le film La danseuse, Camille danse dans le drapé de sa robe plissée. Pieds nus, la chanteuse joue de sa voix comme de son corps et s’amuse avec les mots pour offrir un tableau original. Le public a plus d’une fois l’occasion de l’accompagner en frappant dans ses mains pour marquer le tempo, même sur les chansons inconnues du nouvel album décliné en entier. Et n’a même pas besoin des anciens titres connus en rappel pour lui faire fête. Camille a réussi son pari audacieux et c’est plutôt rassurant.
Dans l’après-midi, c’est la nouvelle vague pop française représentée par Fishbach qui pointait le bout de son nez au Théâtre Jacques Cœur. L’Ardennaise de Charleville-Mézières revenait sur les terres de sa victoire au concours Les Inouïes de l’an dernier. Et elle a bien grandi celle qui s’entoure dorénavant de deux claviéristes et d’une bassiste choriste. De sa voix grave, Flora intrigue dans une atmosphère nocturne, se lâche sur un inédit, reprend « Petit monstre » de Lavilliers et chante ses amours contrariées de fort belle façon. Les sonorités 80’s de son premier album cèdent la place à un propos électro très contemporain qui, avec Paradis (également à Bourges), est ce qui est arrivé de mieux de ce côté-ci de Quiévrain ces derniers mois.
THIERRY COLJON

Camille sera au Cirque royal, dans le cadre des Nuits, le 12 mai.
Fishbach sera le 3 mai aux Aralunaires d’Arlon et le 14 mai à l’Orangerie du Bota, dans le cadre des Nuits.


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