Le bouquet Roots & Roses, toujours plus garni

Qui dit 1er mai dit festival le plus cool de ce début de saison. Ce lundi, il en était à sa huitième édition et, comme toujours à Lessines, on n’a pas eu le temps de s’ennuyer !

Deux chapiteaux, des concerts qui s’enchaînent sans temps mort, plein de gens de bon poil même s’il fait gris dehors, des bières qui goûtent autre chose que le pipi de matou et de la cuisine mitonnée hors des sentiers battus : voilà brièvement résumé le concept du Roots & Roses, ce festival « pour les amoureux des formes modernes de folk, blues, rock’n’roll, garage… »

Les premiers arrivés, de ces amoureux, passent leur début de journée sur un mode cent pour cent belge avec le blues’n’roll de Power Shake (les presque régionaux de l’étape – ils sont de Tournai), The Scrap Dealers et Idiots (pour les incursions inaugurales dans les « formes modernes »).

Déboulant dans la foulée de l’Américain Woody Pines, les mecs de Powersolo donnent à leur anglais un accent nasillard qu’on dirait sorti du fin fond d’un bled des States, sauf qu’ils sont d’Arhus au Danemark. Il faut le savoir : leur country qui sent le cambouis et leurs histoires de mauvais garçons ne le trahissent en rien. Après le plus classique Jake La Botz (blues et americana), on renoue avec des ciboulots un peu chamboulés, ceux des Pine Box Boys, franchement pas mal non plus. Dans leur bluegrass, les Californiens glissent de la trompette, des refrains assez irrésistibles (« Will you remember me »), plein de clins d’œil macabres (« Live brains ») et d’étonnants chants de gorge modulés par le Révérend Lester T. Raww, barbe de ZZ Top et gilet de croque-mort. Précisons quand même : ils ne sont pas juste des entertainers, ça joue grave !

Les Fuzztones partagent au moins deux points communs avec les Sonics. Un : ils interprètent « Strychnine », histoire de saluer comme il se doit les « anciens ». Deux : ce n’est plus vraiment le groupe né dans les années 80, groupe dont il ne reste en fait que le chanteur et guitariste Rudi Protrudi. Qui tient néanmoins aux emblématiques Vox Phantom croisées sous une tête de mort comme les tibias d’un drapeau de pirates ! Aujourd’hui, le New-yorkais se produit entouré d’un quatuor guitare/basse/batterie/orgue de jeunes gens pas timides si on en juge par ce batteur torse nu qui joue les alpinistes sur sa grosse caisse. Entre rock et revival garage sixties, on apprécie quelques fulgurances, parfois même psychédéliques…

L’art de la reprise, The Experimental Tropic Blues Band pratique aussi. Et fort bien : ici à Lessines, c’est le « Ghost rider » de Suicide (enregistré il y a quelques mois pour une VR Session), restitué dans une version plus rock’n’roots. Pour le reste, les Tropic s’offre ici un premier vrai concert alimenté par les toutes nouvelles compos tirées de la bande originale de Spit’n’split, « leur » film. C’est carré avec du Belgians dedans, c’est mordant, ça claque bien et ne laisse qu’un minimum de place aux présentations. Retenons quand même ce « Power of the fist », désannoncé par Jeremy comme suit : « La force du poing, mesdames et messieurs. Le poing dans la gueule ou le poing dans le cul, ça a toujours autant … de succès ! » Gros succès aussi pour le final complètement stratosphérique, JJ filant dans le public improviser sur quelques incontournables du rap.

Frontstage - RR - Tropic

Pokey LaFarge connaît le Roots & Roses pour y être déjà passé en 2014. Bis repetita ? Que nenni : le garçon sort son nouvel album (Manic revelations) le 19 mai, propose aujourd’hui quelque chose de plus étoffé côté son (les cuivres apportent tantôt une touche sixties, tantôt une touche hispanique) et n’oublie pas d’écrire sur l’actu (« Riot in the Streets » évoque les émeutes survenues en 2015 dans sa vile de Saint Louis). Pour le reste, c’est vrai que ce qu’il chante a un petit quelque chose de contagieux, et que parmi ses musiciens, Ryan Koenig joue de l’harmonica et des castagnettes en os comme personne ! « I’m singing la la la/I’m so happy I’m singing la la la ! »

Frontstage - RR - Pokey

Frontstage - RR - Sonics

Les Sonics, donc… Les Sonics qu’on avait vus à Lessines en 2014 ne sont plus tout à fait ces jeunes gens qui, au début des sixties, posèrent quelques jalons du rock garage avec des pépites comme « The witch », « Psycho » ou « Cinderella ». Pour être tout à fait précis d’ailleurs, précisons qu’aujourd’hui, seul Rob Lind, le saxophoniste, est toujours là. Mais que, à peine perturbé par quelques soucis d’oreillette, à côté du teigneux Freddie Dennis, il n’est pas le dernier à mettre le feu aux covers (« Louie Louie », « C’mon everybody »…) et aux compos récentes (2015) comme « Sugaree » ou « Bad Betty ».

Ces Sonics « rajeunis » auraient été parfaits pour assurer la clôture d’une chouette édition du Roots & Roses, mais c’est aux Paladins, le trio blues/rockabilly de San Diego que revient cette tâche.

Frontstage - RR - Paladins

Et l’édition 2017, pour laquelle on a recensé près de 3.700 personnes sur le site (contre 2.800 l’année passée), de se terminer de manière plus… paisible. Certains pensent déjà à 2018. Avec moins de file aux toilettes filles et aux frites. Mais encore avec du catch comme cette fois-ci !

Didier Stiers

 

 

Didier Stiers

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