They come in peace !

Dixit le groupe bruxellois lui-même, Glü, c’est un peu la réponse humaine au chant des machines. Rendez-vous sur le dancefloor, mais avant ça… les présentations !

Méfiez-vous de ce que racontent les médias ! S’ils sont bien quatre, aucun d’eux n’est dj, du moins dans le sens « dj qui voulait devenir un vrai musicien ». Rien de tout ça ! « Grosse erreur, s’amuse Martin Daniel, claviériste du groupe qu’il a contribué à former. Même s’ils l’ont mentionné comme ça dans Tracks ! » Ouaip, leur dernier clip en date a été repris dans une séquence consacrée par Arte à « L’imagerie barrée de la musique belge »… Cool ! Mais en réalité, Glü, outre Martin, c’est un batteur, un bassiste ainsi qu’« un quatrième larron aux synthés, aux machines et qui chante un peu ». Sans oublier un vj pour compléter cette bande déjà vue à Couleur Café comme à Dour et qui sera ce 6 mai au VK.

Ce qui est tout aussi certain, c’est que la musique de Glü, entre électro, drum’n’bass, breakcore et quelques autres influences encore, est toujours assortie d’un visuel soigné. Les clips et les pochettes parlent aussi pour le groupe : « Comme on ne se met pas nous-mêmes en avant, l’imagerie est importante. Pour les pochettes, on travaille avec Pierre Coubeau alias FSTN (ndlr : dites « fiston »), qui est un super artiste. Il a fait la précédente, du coup il a réalisé celle-ci et on lui laisse assez bien de liberté. » L’œuvre retenue ici pour le premier album : un agglomérat de Rubik’s Cubes.

Frontstage - Glü - Pochette

De là à dire que FSTN a trouvé quelque chose de ludique ou d’enfantin dans la musique de Glü, il n’y a qu’un pas… « Je trouve que ce qui marche bien là-dedans, c’est le côté chaotique du Rubik’s Cube, un peu déstructuré. Mais je ne sais pas trop s’il y a quelque chose d’enfantin dans ce projet-là. » Du ludique, alors ? « Oui… En tout cas, il y a un peu de légèreté et d’humour, mais pas de fanfaronnade. »

Cette légèreté, on la retrouve notamment dans l’apport des samples. Qui donnent leur couleur et leur ton aux teasers vidéo, aux disques et aux concerts, en plus d’assurer un lien, une continuité entre les morceaux. Des samples de dialogues entendus dans de vieux films fantastiques ou de science-fiction, qui apportent un second degré sans pour autant inciter à la rigolade. « On aime beaucoup ça, les vieux films de science-fiction, confirme Martin. Le vieux fantastique, les robots des années 30, 40 et 50. Ça nous parle vraiment. Pour l’album, on a aussi travaillé avec des samples de choses un peu trop connues. Mais comme on a eu peur d’avoir des problèmes, on a voulu les refaire. Un extrait d’un film de David Lynch, par exemple. Ou une lecture de poèmes de Bukowski : là, on n’a pas réussi à avoir les droits… »

III renvoie autant à la techno qu’à l’ambiant des années 90 mais propose aussi des échappées plus pointues, pour ne pas dire expérimentales. Résultat : un disque accessible mais jamais pauvre en idées. « Beaucoup de morceaux sont nés de petites séances de composition auxquelles on s’est livré, Dorian et moi, commente Martin Daniel. Même chose avec François Gaspard. On avait pas mal de bribes, de squelettes, d’idées… On est partis en résidence en France pour composer et pousser les compos qu’on avait déjà. Difficile donc de dire qui a fait quoi, c’est assez mouvant, il n’y a pas de règles Et puis, pas mal de ces morceaux ont été essayés en public et se sont encore développés en concert… »

Ajoutez à cela que tous les quatre viennent d’horizons différents. Jazz, hip hop et électro en écoute assidue pour notre interlocuteur, tandis que Dorian Palos (basse) vient aussi du jazz, a joué et écouté pas mal de métal et apprécie l’électro minimale. Racines jazz également pour Martin Méreau, le batteur à l’œuvre sur III, qui a accroché sur la drum’n’bass et qu’on retrouve par ailleurs dans un groupe plus « latino ». Quant à François Gaspard, synthés, machines et… ingé-son : « Il est à fond dans le synthé modulaire et la musique électronique plutôt pointue. Il a créé un label de musique électronique à Bruxelles il y a quelques années. Il est aussi guitariste, et a fait pas mal de rock. »

« Chacun de nous est déjà un peu multiple, et en même temps, on est compatibles. Dorian et moi, on jammait pas mal, on a fait beaucoup de hip hop, de funk et de jazz ensemble (ndlr : Rue Des Pêcheries). J’avais un synthé analogique, lui une basse avec quelques effets et une loop, et petit à petit, on a essayé d’aller vers les sonorités qui sont devenues – avec ceux qui nous ont rejoints – celles de Glü. » L’album, après deux ep (justement intitulés I et II) est le fruit du même genre d’évolution. « C’est un peu l’objectif, de ne pas figer les choses. On n’a pas d’étiquette définie et on reste ouverts aux possibilités. Je pense qu’on ne décevra pas beaucoup de gens en changeant un peu… »

N’empêche, Glü se retrouve quelque peu lié à cette scène électronique bruxelloise qui fait régulièrement parler d’elle. « Elle est en ébullition depuis un bon moment. Après, le truc, c’est que nous, on dénote un peu par le fait qu’on a beaucoup d’instruments sur scène. Pour le reste, oui, on se sent proches de tout ça. Et François est à fond là-dedans ! » Au VK, Martin et ses camarades seront les curateurs d’une soirée Puur Belge. Ils ont donc notamment invité Squeaky Lobster (Laurent Delforge, « un vieil ami ») et le Carolo Quentin Hanon alias Johnny Superglu. Histoire d’y coller un peu quand même, à cette scène…

Didier Stiers
(Photo : Mael G. Lagadec)

Concerts : samedi 6 mai, VK, 19h30. Également le samedi 24 juin à Charleroi (Vecteur)
Album : III (distr. Naff – Sortie de la version vinyle le jour du concert)

 

 

Didier Stiers

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