Nuits 17 : Bachar Mar-Khalifé à la source

L’artiste avait envouté la précédente édition du festival bruxellois. Il nous revient cette fois avec « The Water Wheel », une création pour le moins inspirée, à découvrir ce samedi.

On l’a écrit ici même l’an passé et on n’a pas changé d’avis depuis : l’un des concerts les plus beaux, touchants et emballants des Nuits Botanique 2016 fut celui donné au Musée par Bachar Mar-Khalifé. Du coup, apprendre que le Franco-Libanais est à l’affiche de cette nouvelle édition du festival fait partie des meilleures nouvelles de ces dernières semaines. Et découvrir qu’il revient à Bruxelles avec une création, c’est carrément Noël avant l’heure ! En parler un moment avec l’intéressé s’imposait donc…

« The Water Wheel », tel est l’intitulé de cette création, renvoie au défunt Hamza El Din, chanteur et joueur de oud, vu comme l’inspirateur de la musique nubienne contemporaine. Ce titre fait également référence à son album sorti en 1971, un album que des gens aussi divers que Steve Reich, le Grateful Dead, Kronos Quartet et Terry Riley mentionnent parmi leurs influences. La première aura lieu ce samedi au Cirque Royal. Bachar Mar-Khalifé l’emmènera ensuite sur la route des festivals de l’été qui vient : aux Eurockéennes, sur les Terres de Son, aux Vieilles Charrues et au Paléo de Nyon.

Précisons : Bachar ne se transforme pas en cover band avec ses musiciens pour l’occasion. Il s’agit là d’une véritable création dans laquelle son univers se mélangera à celui de l’artiste égyptien, et il sera d’ailleurs accompagné par quelques invités dont la chanteuse nubienne Alsarah.

« On a dû faire 110 ou 120 concerts sur cette tournée et très peu restent à ce point en mémoire, mais celui-là en fait partie », dit-il à propos de son passage par le Musée l’année dernière. Entre parenthèses : cette tournée qui fait suite à l’album Ya balad n’est pas tout à fait terminée car quelques concerts figurent encore à son agenda d’ici l’été. « Quand on m’a suggéré une création, j’ai été très heureux de proposer ce projet autour d’Hamza El Din, et j’ai surtout été très heureux des retours parce que c’est quelqu’un qui reste quand même méconnu, et toute création étant déjà une prise de risques, celle-ci l’est d’autant plus. »

Oubliez « Kyrie Eleison », « Lemon » et « Layla » : il met son propre répertoire sur le côté. « Il était temps, s’amuse-t-il ! Là, on sait qu’il y a déjà une sorte de lien pré-établi : les gens viennent parce qu’à priori, ils ont écouté et aimé l’album, qu’ils ont peut-être envie de découvrir ça sur scène. Il était temps que je passe à autre chose, tout simplement. Que je me remette dans l’inconfort, dans la souffrance – un petit peu – de la préparation d’un nouveau projet. C’est à chaque fois une nécessité qui mène à de nouvelles choses. »

Hamza El Din est une vieille connaissance de Bachar Mar-Khalifé. Qui a très vite fait partie de sa vie. « Je m’en rends compte depuis que je suis au travail sur la préparation et les répétitions. Je l’ai découvert par hasard : son disque était dans la bibliothèque familiale. » A l’époque, il devait avoir 16 ans… « J’écoutais Nirvana (ndlr : il rigole) et je l’écoutais en parallèle. Pour moi, c’était la même chose… C’est toujours l’époque où on découvre, où les goûts se forment. Où je commence à écouter vraiment de la musique, pas ce qu’on m’enseigne ou ce que je connais déjà. J’écoute, j’explore quelque chose de complètement personnel. Et je m’aperçois que ce Monsieur fait partie dès le départ d’une sorte de rupture, entre ce que je savais avant et comment je me suis mis à écouter de la musique tout seul. A l’époque déjà, quand je l’écoutais, j’entendais tout un orchestre, alors que sur les enregistrements, il est tout seul au oud, et il chante. J’entendais de la batterie, la basse, des choses assez rock… »

Projet de cœur donc, que ce « Water Wheel » ! « C’est à cela que j’ai tout de suite pensé acquiesce Bachar. Je n’allais pas inventer quelque chose qui ne m’appartenait pas. En gros, je voudrais rendre hommage à ce que ce Monsieur m’a procuré. »

Didier Stiers
(Photo : InFiné Music)

 

Bachar Mar-Khalifé présente « The Water Wheel », samedi 13 mai, 19h30, Cirque Royal. Première partie : Yasmine Hamdan. Également en concert le 20 mai au Musik Marathon d’Eupen (Ya Balad Tour).

 

 

Didier Stiers

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