Julien doré a clôturé, vendredi dans un Forest National comble, les deux premiers mois de sa nouvelle tournée, avant de nous revenir cet été aux Ardentes et en automne au Palais 12. Et autant dire que ça change tout.
En triomphant – il n’y a pas d’autre mot face à l’enthousiasme débordant d’un public chaud boulette – pour la première fois à Forest National, Julien Doré est passé dans une autre dimension. Celle des stars françaises à leur sommet, réussissant, comme Calogero ou M précédemment, à transformer la cuve forestoise en chaudron bouillant.
Julien a toujours été fort pour communiquer avec son public mais il s’agit cette fois d’assumer un statut, celui que lui procure le succès confirmé par la remise d’un disque de platine en Belgique pour son dernier opus. Ce succès, mérité, se traduit donc par une immense scène blanche et un visuel léché. Cabotin et comédien, Julien l’a toujours été, non sans humour, mais cela prend cette fois des proportions affolantes. Comme il le dit lui-même, “faire Forest National, c’est surprenant et agréable”.
Dès la troisième chanson, “Moonlight Serenade”, Julien s’offre un bain de foule en traversant le parterre. Il est partout et, par son jeu de jambes et de corps, il répond sans gêne aux attentes d’un public féminin prompt à faire de lui le nouveau sexe symbole de la chanson française. Il en fait parfois un peu trop mais sans avoir peur de se ridiculiser, ce qui fait tout son charme. Alors, bien sûr, on regrette la proximité intimiste des précédents AB et Cirque royal, ce petit côté foutraque rock’n’roll qui nous a toujours tant séduit. Même la gratte d’Arman Méliès nous a paru moins tranchante. Le visuel, fait pour les grands espaces, en impose mais sans non plus émouvoir ni surprendre. On n’y retrouve pas toujours l’illustration de la profondeur des textes de l’artiste. Celui-ci a décidé de plaire avant tout à son nouveau public en étant à la hauteur des attentes. Mais c’est quand sa crinière, son Marcel et ses biscoteaux tatoués cèdent la place à la chemise noire et aux cheveux tirés en chignon pour “Romy” qu’on retrouve l’enfant tendre. En piano-voix, Julien retrouve simplicité et sobriété.
Le nouveau Doré n’évoque qu’à trois reprises ses deux premiers albums (avec “Les limites”, “Kiss Me Forever” et “Winnipeg”), se concentrant sur ses deux derniers (Love et &), signe des nouveaux temps. Heureusement, sa sensualité et sa mélancolie naturelles sont bien là, au travers de mélodies fortes que le public ne se gêne pas de reprendre de bout en bout. Le show, c’est aussi dans la salle qu’il se déroulait, avec une communion toute fusionnelle propre aux plus grands. En terminant à moto sur “Paris Seychelles”, Julien a assuré le spectacle. Il est dorénavant une star, il le concède avec un spectacle hyper bien réglé, propre et joyeux. Et on peut difficilement lui en faire le reproche…
THIERRY COLJON
PHOTO SYLVAIN PIRAUX
Julien Doré sera aux Ardentes le 9 juillet et au Palais 12 le 23 novembre.