Ce week-end, les Nuits Bota ne nous ont pas offert que Max Cooper et Bachar Mar-Khalifé. A l’affiche, il y avait aussi le jeune mage électronique Gabriel Legeleux, alias Superpoze. Compte-rendu et entretien.
Les musiques électroniques ne sont pas qu’une question de beats, de son, ou de nappes atmosphériques. Elles sont aussi affaire de mélodies. Celles-ci sont au centre de la production de Gabriel Legeleux, prodige français (Caen) de 24 ans qui a déjà sorti deux albums quasiment parfaits sous le nom de Superpoze. « C’est ainsi que je compose, j’écris des mélodies. Pour moi, les parties rythmiques sont des arrangements », nous a expliqué l’intéressé quelques heures avant de monter sur scène.
Originaire de Caen, Gabriel Legeleux a passé son adolescence avec son ami Théo Le Vigoureux, alias Fakear, les deux partageant une passion « pour les sons électroniques, mais on n’aimait pas la musique de club. De ce côté-là, j’ai évolué depuis que j’habite à Paris où il y a une scène clubbing de très bonne qualité. Mais à l’époque, quand j’étais ado, la French Touch était au sommet, du coup, je m’en suis éloigné, je préférais les trucs comme Boards of Canada ».
Après des années au Conservatoire, option percussions, Gabriel monte Superpoze, crée son propre label et produit seul deux albums à la fois conceptuels, mélodiques et atmosphériques : Opening en 2015 et For We the Living, sorti en début d’année. Deux disques oniriques quelque part entre Air, Boards of Canada, Philip Glass et un Sigur Ros électronique. Où on classera donc Superpoze parmi les Christian Löffler, Max Cooper et autres adeptes du beat ambient.
Le live est à la fois minimaliste, atmosphérique et onirique. Comme si on plongeait dans un rêve éveillé : « Le fait de jouer de la musique électronique sur scène, dès le départ, le postulat est bizarre, car c’est une musique qui est d’abord produite. Tous mes morceaux sont dans une tonalité, tout fonctionne ensemble. L’idée, c’est qu’on entre dans un tunnel et qu’on n’en sorte qu’à la fin du show. Et à la fin, on a presque l’impression d’avoir entendu qu’un seul morceau. C’est un peu de cette manière que je construis mes albums, je ne pense jamais à un morceau sans penser à celui qui va suivre ».
Les albums démarrent d’idées, « de contraintes techniques, de références à d’autres domaines artistiques qui me permettent de développer une idée en musique. For We the Living est parti de la dystopie. On voit ça partout aujourd’hui, on est en pleine dystopie : Snowden, internet, la NSA, Trump, les hackers… Je me suis demandé à quoi ressemblerait le son avant la fin du monde ». La réponse ? Un son apaisé et lumineux duquel s’échappe une tension mystérieuse.
DIDIER ZACHARIE