On fait le grand écart, ce mercredi soir. Entre Cirque et Chapiteau. Entre Belgique terre d’aventures et Missouri terre de folk éthéré.
« On a beaucoup de nouveaux morceaux. Ça, vous heu… l’avez remarqué ! » Il n’a pas l’air, comme ça, assis à la batterie, à la marteler de 1.001 manières et à donner de la voix dans pas mal de registres aussi, mais Timothée Philippe est un rigolo. Comment ne pas les remarquer, évidemment, ces chansons qui ne sortent pas de Wounded ou de Patine ? Celles-là viennent d’un ep prévu pour fin juin, et de l’album qui arrivera en octobre. Sugar High, qu’il s’intitulera… En attendant, face à la fosse du Cirque bien remplie et aux gradins idem, BRNS poursuit sa savoureuse entreprise de déconstruction des formules pop. Ces nouveaux morceaux ont au moins en commun avec les plus anciens, comme par exemple le toujours fabuleux « My head is into you », la richesse des arrangements qu’ils dévoilent. Et les surprises qu’ils recèlent : ici un jeu sur un bref silence, là une harmonie vocale paradisiaque, ailleurs encore des claviers sur le fil de la dissonance. Sans oublier cette dynamique, cette puissance, instillée pile où il faut. De la musique pas immédiatement accessible, voui voui, mais qui captive à chaque fois. Ils écriraient des bouquins, les quatre de BRNS que ce serait des « page turner »…
Arrivé trop tard pour Robbing Millions, pas trop le temps pour Jacques, un arrêt au stand ravito et on file au Bota où Angel Olsen s’est installée sous le chapiteau avec ses cinq musiciens. Derrière l’Américaine, filles et garçons sont tous habillés pareils, ce qui donne à son groupe des allures de big band à l’ancienne. Depuis la sortie de son dernier album en date, My woman, soit septembre 2016, ses concerts sont relatés avec force quatre étoiles par-ci et compliments à la pelle par-là. Ses sourires et quelques réflexions rigolotes contrastent avec le ton donné dès l’ouverture par « Heart shaped face » : souvent planant, certes, mais aussi bien bluesy. Et surtout, il y a cette voix ! Expressive, of course, et sensuelle, qui habite véritablement les lieux. Dans un club ou une petite salle faite pour la musique, on aurait trouvé ça normal, ici sous le chapiteau des Nuits Bota, c’est presque un petit miracle. Un petit miracle qu’on apprécie plus pleinement à l’heure des rappels, quand elle remonte sur scène pour entamer « Unfucktheworld »… toute seule.
Didier Stiers
(Photos : Mathieu Golinvaux)
Setlist Angel Olsen : Heart shaped face – Hi-five – Shut up kiss me – Give it up – High & wild – Not gonna kill you – Acrobat – Sister – Those were the days – Woman – Windows. Rappels : Unfucktheworld – Fly – Never be mine – The waiting.