Nuits 17 sous les marteaux de Thor

Le Grand Salon de Musique est le cadre parfait pour apprécier projets délicats et performances plus décalées. Jeudi soir, on y a ainsi vu un ami des Swans et un adorateur de la couque de Dinant.

Thor Harris est devenu percussionniste de Swans en 2010, après avoir notamment officié au sein de Shearwater. L’homme fut un temps banni de Twitter pour y avoir posté un tuto intitulé How to punch a nazi mais il a aussi plein d’amis. Des vrais, pas des de Facebook. C’est également grâce à eux qu’il peut faire vivre sur les routes son projet perso, un projet né voilà deux ans sous la forme d’un trio de… percussionnistes (le Texan lui-même donc, plus sa concitoyenne Sarah « Goat » Gautier et l’Iranienne Peggy Ghorbani).

« J’écoutais beaucoup de musique électronique, expliquait-il dans une interview à Chaos Control à propos de l’origine de ce groupe à géométrie variable. J’écoutais également beaucoup de ces compositeurs du milieu du 20e siècle, comme Philip Glass, Steve Reich, Terry Riley. Leur musique, le minimalisme du 20e siècle, est tellement appréciée par quasi tous ceux que je connais, en tout cas certainement les musiciens, que j’ai eu envie de faire quelque chose de semblable. D’instrumental. Je venais de passer six ans en tournée avec Swans et je n’avais plus envie d’entendre de la batterie, de la basse et de la distorsion. Juste du son pur. » Quelque part entre avant-garde et préhistoire, car qu’y a-t-il de plus ancestral que frapper sur un support pour en tirer du bruit ?

BOTANIQUE

Thor & Friends, ainsi que son nom l’indique donc, se complète au gré des étapes de musiciens supplémentaires. Et divers : ici au Bota, c’est avec une violoncelliste espagnole, et un saxo belge, tous deux bientôt rejoints par le guitariste et un des saxos entendus juste avant dans Le Ton Mité. Ils tissent des tapis sonores, dronent et agrémentent de couleurs les marimba et vibraphone sur lesquels jouent Peggy, Sarah et Thor (qui passe aussi à la clarinette). C’est hypnotique (ou « intoxicating » comme disent les Anglo-Saxons), et ces motifs répétés en boucles aux subtiles variations rappellent même parfois la techno. Le temps de quelques secondes, on a l’hallucinante impression de se retrouver face à trois robots, à les voir frapper les lamelles de leur marimba, parfaitement synchro…

Les instruments variant au gré des rencontres, aucun concert de Thor Harris et de ses amis ne ressemble à un autre. Un premier album a néanmoins vu le jour l’an passé (distr. LM Duplication), album avec quelques passages vocaux et sur lequel on retrouve d’autres de ces friends parmi lesquels John Dieterich de Deerhoof. Une seconde galette est en cours de finition…

BOTANIQUE

Quant au Ton Mité, en première partie de soirée… Si McCloud Zicmuse et ses camarades savent aussi improviser, c’est parfois et même souvent dans un registre nettement plus dadaïste que ce qu’on entendra par la suite avec Thor & co. Dixit sa bio autorisée : « McCloud joue de l’éloquence à propos de sujets inattendus et quotidiens : les patates, les cailloux, être jeté d’une maison à 5 heures du matin pour dormir dans un parc, les petits boulots clandestins et inévitablement nos chères frites… »

Petit rappel : l’excentrique Américain installé à Bruxelles, on l’avait également vu et entendu au sein des Hoquets, vantant les mérites de la « Couque de Dinant ». Danse médiévale, folk délicatement foutraque et passages jazzy servent ce soir chansons et chansonnettes naïves en anglais ou en français, telles qu’on en retrouve sur Passé composé futur conditionnel, l’album sorti chez Crammed. Pendant que tout ce petit monde nous conte un voyage à Twin Peaks ou décrit une plage et ses rochers, Tetsuya Umeda, un performeur nippon, joue avec la lumière et construit une installation sonore à partir de riz cuisant sur un réchaud de camping.

Il y a de la poterie, au merchandising… Pas de panique, z’êtes toujours aux Nuits Botanique !

Didier Stiers
(Photos : René Breny)

 

 

 

 

Didier Stiers

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