Primavera Sound 2017 : le recap

Le festival Primavera a lancé la saison des festivals européens ce week-end à Barcelone. Verdict.

Toujours plus gigantesque, ajoutant des concerts non annoncés (et non des moindres : Arcade Fire ! Mogwai!) à une affiche déjà pléthorique, le festival catalan a cette année intronisé Arcade Fire comme nouveau mastodonte du stadium rock. Revue des troupes.

I > La plus classe : Solange
C’est peu dire que Solange est classe. Tandis que sa frangine Beyoncé vise toujours plus haut avec des shows gigantesques, Solange la joue minimaliste. Scénographie intimiste, couleurs chaudes sur un cercle d’or, chorégraphies au millimètre mais sans trop en faire, groupe old school, Solange offre une leçon de soul à l’ancienne, tout en langueur. Le son est chaud et moite, le déhanché sexy et la voix de la belle nous prend par les testicules. Mais attention ! Toujours avec classe et pudeur ! On n’est pas des bêtes…

II > Les plus rock : Black Angels et King Gizzard & The Lizzard Wizzard
C’était la combinaison gagnante. L’un jouant à la suite de l’autre alors que minuit sonne le glas. Black Angels a donné un concert impeccable de psychédélisme sixties, cadré et aventureux. Chansons fortes, son impeccable et ce rythme qui ne cesse d’être martelé. Pas vraiment d’évolution par rapport à il y a dix ans, mais foutrement efficace. Surtout pour préparer à ce qui va suivre…

« Rattlesnake… Rattlesnake… » Ca commence comme ça. Des incantations sur une guitare furieuse. La chanson s’allonge sur treize minutes, comme un serpent qui traverse la jungle. La tension ne fait que monter, il n’y a aucune baisse de régime. « Rattlesnake… Rattlesnake… » L’an dernier, et toutes les autres années, c’est Thee Oh Sees qui avait foutu le bordel dans le parc du Forum. Cette année, en l’absence des Californiens, King Gizzard s’est parfaitement occupé de la tâche. « Rattlesnake… Rattlesnake… » On a vraiment l’impression que ça a terminé comme ça aussi.

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III > Les plus énervés : Run the Jewels
A deux sur la gigantesque scène Heinekken devant, quoi, 40.000 personnes ?, les rappeurs ont fait plus qu’assurer. Grosse ambiance devant Run the Jewels, le groupe rap le plus burné du moment, celui avec qui Zack de la Rocha aime à traîner, celui que les rockeurs qui détestent le rap finissent par adorer. Bien sûr, ce n’était pas aussi grandiose qu’à l’AB, n’empêche. De « Legend Has It » à « Close Your Eyes (And Count To Fuck) », le duo a maintenu la corde tendue et obtenu un joli succès populaire bien mérité.

IV > Les plus matinaux : Talaboman
Au petit matin, alors que le soleil se lève, les beats ne font plus qu’un avec la nature. Talaboman, soit le DJ local John Talabot et son compère d’un album, le Suédois Alex Boman, délivrent un set absolument impeccable, une deep house relaxe, presqu’ambient, matinée de techno minimale et c’est un bonheur absolu. Ce n’était pas juste le contexte, non, l’album est excellentissime !

V > La tête d’affiche : Arcade Fire
Il n’y avait pas photo. Si l’an dernier, le festival avait tourné autour de la venue de Radiohead, cette année, c’est Arcade Fire qui est attendu par une foule incalculable. Ayant balancé le premier single de leur album à venir cet été le premier jour du festival (durant lequel ils ont offert un set surprise de 40 minutes sur une scène perdue dans le vide), faisant ici leur premier concert depuis des lustres, Arcade Fire a joué un best of sans faute devant quelque 50.000 personnes qui ont tous repris toutes les chansons, y compris le tout nouveau « Everything Now », en choeur et avec bonheur. Pour un peu, on aurait dit Bruce Springsteen jammant avec les Beatles. Impressionnant de voir l’ampleur qu’Arcade Fire, petit groupe de Montreal débarqué à l’automne 2004, a pris aujourd’hui. Et au vu du concert délivré, de la joie et de la bonne humeur desservie, finalement, ce n’est pas étonnant. A dire vrai, on en redemande !

DIDIER ZACHARIE

Journaliste lesoir.be

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