A TW Classic, les Guns N’ Roses sont sortis du désert dans lequel ils végétaient depuis vingt-trois ans. Ils se sont adressés à la foule et ont asséné cette vérité : ils sont, et ont toujours été, le plus grand groupe rock du monde.
Au commencement, il y avait des flingues. Shotguns, AK47, mitraillettes et vieux pistolets du Wild West. Ca tire, comme pour annoncer la déflagration qui ne va pas manquer d’arriver. D’ailleurs, elle arrive, sur une musique de dessin animé et, première grosse surprise, à l’heure dite ! Du jamais vu chez ces énergumènes. Et pourtant, ils sont là, Duff, Slash et fuckin’ W. Axl Rose, initiales WAR, tous les trois sur le devant de cette scène gigantesque, sans mot dire, sans chichiter, qui lancent la machine de guerre.
Il faut bien comprendre que le retour ô combien improbable des Guns N’ Roses dans leur formation quasi originelle suscitait bien des questions. De quoi s’agissait-il ? Cachetonner à 3 millions le gig, balancer les tubes et puis remballer après une heure, se foutre ouvertement du monde ? Rien n’a jamais été certitude avec ces gens. Mais là, d’emblée, les doutes sont balayés. Le son est monstrueux, l’énergie juvénile, le toucher expert. Ca bastonne comme du bon vieux rock n’ roll, de celui qui te prend à la jugulaire avant même d’avoir le temps de moufter. « It’s So Easy », « Mr Brownstone » et son riff inferno. Mais ce n’est que l’intro.
Au quatrième titre, quand tout le monde est bien chaud, l’armée GNR passe la cinquième et commence « vraiment » le concert. « You know where we aaaaaaaaaaare ? We’re in the JUUUUUNGLE, Baby ! Iiiiiiiiiiiiinnnnnhhhhhhh” C’est monstrueux. MONSTRUEUX! Soudain, tout est clair. Les Guns N’ Roses sont le plus grand groupe rock depuis Led Zeppelin. Seulement, ils ont merdé en route. Se sont vautrés, se sont déchirés, ont tout gâché. Vingt-cinq ans plus tard, ils reviennent des limbes desquelles on ne revient pas, et ils revivent. En tant que groupe, et en tant qu’individus.
Si on parlait d’Axl ? Axl Rose est terrifiant. Bouffi, maquillé comme une vieille pute de Sunset Strip, blanc cadavérique, perdant ses cheveux aux tempes et avec ses dents refaites immaculées, il te fout un Shining mortifère. Il est parfait. Axl Rose est un des meilleurs frontman de l’histoire. Bien sûr, il ne court plus d’un bout à l’autre de la scène comme un damné, il a perdu une partie de sa voix, mais il utilise toujours l’espace comme personne et son cri te transperce le thorax comme le shotgun de Shwarzie dans Terminator. Axl Rose est le meilleur chanteur rock vivant. Parce qu’Axl a ce que personne de ces vingt dernières années n’a, n’a eu et n’aura jamais. L’œil du tigre, mec. L’œil du tigre !
Slash ? Le gars qu’on imitait dans la cour de récré. La sortie virtuose devant l’église pour le solo épique, cheveux au vent, clope au bec. Slash, ou l’archétype du guitar hero. Mais était-ce une caricature ou un fait réel ? Là, alors qu’il caresse les cordes de sa Les Paul sur « Wish You Were Here » du Floyd, la réponse est limpide : Slash est à la fois Jimmy Page, Angus Young et Keef the Riff. Un monument de la six cordes électrique. De l’autre côté de la scène, Duff, le love symbol princier sur sa basse, tient la baraque sans mot dire. Un pure punk. Avec une classe de dandy. Duff est la terre sous les pieds de Slash et Axl. Le terreau commun.
Les Guns N’ Roses ont joué trois heures. Trois heures ! Alors, bien sûr, il y a eu des longueurs, des baisses de régime, quelques bouses FM ou tentatives indus, mais là n’est pas l’important. L’important, c’est que chaque membre a droit à la parole (même le sosie fatigué d’Izzy Stradlin à la deuxième guitare), ce qui en dit long sur l’esprit collectif du gang. L’important, c’est que les accélérations sont autant d’uppercuts qui mettent KO en une mesure (« Live And Let Die », « You Could Be Mine » au marteau-pilon, un « Sweet Child O’ Mine » de 10 minutes, « Roquet Queen » de 15…). L’important, c’est qu’Axl avait raison. Depuis tout ce temps, incompris, rejeté, vilipendé, des crachats sur la tignasses, personne ne l’a écouté mais Axl, s’il lui manquait les chansons, avait raison de A à Z : ce qu’on veut, c’est du gros son de basse dans la gueule ! Et c’est ainsi que le rock survécut au XXIe siècle…
Arrive alors l’ultime montée vers l’Olympe. Le chant des dieux qui dépasse leur grandeur. La démesure assise dans la main du chanteur roux. Cet endroit où personne jamais n’osa aller sinon Axl : « November Rain ». Et devinez quoi? IL PLEUT ! C’est à ce genre de détail incongru qu’on reconnaît un authentique génie. D’autant que la pluie ne dure pas, nettoyée par un « Black Hole Sun » de Soundgarden à chialer dans sa bière. Et comme si ce n’était pas assez, alors que la messe est dite depuis des lunes, les Guns gardent leur meilleur titre pour la fin, « Paradise City » et son mantra : « Take me down to the paradise city where the grass is green and the girls are pretty. Oh won’t you please, take me home ! » Mais vous y êtes, de retour chez vous, les gars. Après une traversée du désert qui a duré mille ans, de retour au sommet, conduisant le train rock n’ roll, menant les troupes à travers les sept cercles de l’Enfer tels les tauliers du lupanar car vous êtes les seuls à vraiment SAVOIR. L’Appétit pour la destruction, le seul qui mène à la survie.
Les Guns N’ Roses sont le groupe le plus cher du monde, à 3 millions de boules le concert. Vous voulez qu’j’vous dise ? Ils en valent trois fois plus.
DIDIER ZACHARIE
Photos MATHIEU GOLINVAUX
Setlist: Intro Looney Tunes/ Intro The Equalizer/ It’s So Easy/ Mr Brownstone/ Chinese Democracy/ Welcome to the Jungle/ Double Talkin’ Jive/ Better/ Estranged/ Live And Let Die (Wings cover)/ Roquet Queen/ You Could Be Mine/ Attitude (Misfits cover)/ This I Love/ Civil War (Voodoo Child outro)/ Yesterdays/ Coma/ Slash Guitar Solo/ Speak Softly Love (The Godfather love theme)/ Sweet Child O’Mine/ Out ta Get me/ Wish You Were Here (Pink Floyd cover)/ November Rain/ Black Hole Sun (Soundgarden cover)/ Knokin’ On Heaven’s Door (Bob Dylan cover)/ Nightrain RAPPEL Don’t Cry/ The Seeker (The Who cover)/ Paradise City
Jessica
25 juin 2017 à 20 h 12 min
Un des pires articles que j’ai pu lire sur Guns N Roses. Axl rose maquillé comme une vieille pute ? Pardonnez-moi j’ai du mal lire ? Slash un mélange de Jimmy Page et Angus Young? Je pense que le pauvre journaliste qui a écrit ça doit avoir la même audition que Brian Johnson malheureusement.
Torchon, tas d’inepties, comment a-t-on pu laisser une telle chose être publiée…
Allez voir par vous même, ça vaut bien plus le coup que ce que cet “article” laisse paraître…
Raphael
27 juin 2017 à 14 h 16 min
Jessica,
Le second degré, ça vous parle?