U2 cultive son passé sur scène

NEW YORK
DE NOTRE ENVOYE SPECIAL

Le groupe irlandais a commencé en mai dernier aux Etats-Unis son « Joshua Tree Tour » avant de terminer à Bruxelles, le 1er août, le volet européen.

Le MetLife Stadium de Rutherford, dans le New Jersey, à quelques jets de pierre de Manhattan, de l’autre côté de l’Hudson River, est un stade comme certains en rêvent en Belgique. Pour remplacer le fameux Giants Stadium des Meadowlands, ce géant de 82.500 places est sorti de terre en 2010. Coldplay y sera le 1er août, le jour où U2 est chez nous mais en juillet, ce sera un certain Juventus-Barcelone qui y fera une sortie de gala.

U2 y a ses habitudes et c’est pour deux soirs, mercredi et jeudi, que la bande à Bono l’a aisément rempli. Comme d’habitude, dès le début d’après-midi, le parking est envahi par des vans flanqués d’une pergola, avec table et chaises, repas et sono de U2 à fond. Ici, un concert, c’est plus que ça : c’est la fête ! Celle-ci s’est poursuivie avec les folkeux de Lumineers de toute façon plus soporifiques que Noel Gallagher dont héritera le stade roi Baudouin.

Quand Larry, The Edge, Bono et Adam entrent en scène, c’est pour tout de suite descendre sur la petite scène circulaire se trouvant dans le parterre, une fois éteinte la sono avec la voix de Mike Scott pour un mirifique « The Whole of the Moon » des Waterboys. En ouvrant par « Sunday Bloody Sunday », « New Year’s Day », « Bad » et « Pride (in the Name of Love ) », U2 rappelle s’il en est besoin qu’il y avait un avant Joshua Tree : quatre tubes chantés écran éteint, rien qu’eux entourés de leur public.

L’écran panoramique s’illumine pour l’album The Joshua Tree dans son intégralité. La définition des images est révolutionnaire : le groupe – qui n’apparaît en grand qu’à partir de « Bullet the Blue Sky », après les dantesques « Where the Streets Have No Name », « I Still Haven’t Found What I’m Looking For » et « With Or Without You » – apparaît minuscule devant cet écran géant qui fait toute la largeur du stade. Comme s’il s’agissait de signifier par-là que les chansons sont plus importantes que ceux qui les chantent ou les écrivent. U2 cultive son passé qui le dépasse et qu’il restitue ici en toute simplicité, tout petits devant l’immensité du décor, de ces grands espaces américains magnifiés par les chansons.

Les images, pour chaque chanson, sont époustouflantes. Une fois de plus, U2 parvient à nous bluffer. On passe ensuite aux autres tubes, à commencer par « Miss Sarajevo » où les Balkans sont remplacés, à l’écran, par une Syrienne de 15 ans, dans le camp de réfugiés de Zaatari en Jordanie. Son portrait géant, tel un vrai tifo, circulera dans le stade. « Beautiful Day » nous redonnera des couleurs, tout comme « Elevation » et « Vertigo » avant un hommage à toutes les femmes combattantes, de Rosa Parks à Michelle Obama, sur « Ultraviolet (Light My Way) ». Bono n’a jamais été aussi sobre. Il ne va même plus chercher quelqu’un dans le public, ça fait bien longtemps. Il s’efface derrière les chansons avant le final très calme par « One » et « The Little Things That Give You Away ».

On peut toujours accuser U2 de nostalgie, d’avoir monté pour les 30 ans de Joshua Tree une tournée très rentable d’une cinquantaine de dates jusqu’en Amérique latine en octobre prochain. Mais en y mettant la manière et en procurant au public un plaisir énorme, ils pensent aussi à transmettre beaucoup d’amour tout en passant en revue les grandes figures de l’humanité.

THIERRY COLJON

U2 sera au stade roi Baudouin le 1er août et c’est bien évidemment complet.


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