Du bon son chez les Ours

La 23e édition du Bear Rock avait lieu vendredi. Il y a une vie à l’ombre des grosses machines festivalières !

Le Bear Rock à Andenne, c’est un peu comme ailleurs, mais en plus joli que la moyenne. Côté cadre, veux-je dire. La « main stage » (c’est écrit dessus) et la scène sous chapiteau sont montées au pied de la collégiale Sainte-Begge, à quelques dizaines de mètres d’une source et des bassins d’un ancien lavoir : ça change des prairies brabançonnes et limbourgeoises, voyez-vous ! Alors ce cadre, il convient de le préserver : de grandes poubelles ont été posées un peu partout, des bénévoles s’activent avec leur outil de ramassage, les gobelets sont consignés et les fumeurs fournis en cendriers de poche. Le marchand de boudins, le stand végé et le food truck (une petite tuerie, ces burgers au fromage à raclette !), ont été rangés devant chez Monsieur le Curé…

Bear - Public

Sur papier, c’est impressionnant, pour un festival gratuit. Electric Electric, Tongue, Drums Are For Parades, Thot, Mont Doré, l’increvable René Binamé et autre The K sont déjà passés par ici. Bonne recette, et donc… l’affiche de cette présente édition est toujours axée sur la « découverte », les noms belges, essentiellement rock et pop indé. Mais attire malgré tout un public plus mélangé que les seuls contingents de connaisseurs, entre les familles, un sosie de Johnny avec la banane et la brioche, les jeunes du coin désormais en vacances, voire quelques mamys et papys un peu/très perdus (biffez la mention inutile)…

Bear - Baby Fire

Le post-punk de Baby Fire pour lancer cette 23e édition sur la scène principale en milieu d’après-midi : c’est culotté ! Mais le quatuor emmené par Dominique Van Cappellen-Waldock (dont la voix a un petit quelque chose de Siouxsie/Jehnny Beth et s’assortit parfaitement au violon de Cécile Gonay) plonge les quelques spectateurs déjà présents dans une litanie d’atmosphères incandescentes et d’électricité latente.

Ce Bear Rock, c’est aussi Rince-Doigt. Du math rock sans prise de tête, qui emprunte même parfois quelques détours guillerets (les petites cavalcades sur « Dinosaurs »)… Le trio bruxellois se fendra d’un dernier ep en octobre et puis mettra fin au projet. Dommage ! Une release party aura néanmoins lieu le 29 octobre à l’Atelier 210, où le groupe jouera avec No Metal In This Battle et les excellents Lysistrata. Lysistrata à qui l’on doit la claque du jour, bien plus qu’à Mutiny On The Bounty, Niitch, Boda Boda ou Billions Of Comrades, mais on y reviendra.

Bear - Rince-Doigt2

On peut éventuellement être moins réceptif au rock tendance surf (sourire) des Liégeois de Pirato Ketchup, il faudra un jour qu’on en parle, de ces groupes belges qui font plein de trucs à l’étranger et dont on ne parle jamais ici. Exemple : Pirato Ketchup, justement, qui a joué une vingtaine de concerts aux États-Unis. Étonnant, non ? Quant à Glass Museum, c’est son line-up qui est étonnant : un pianiste et un batteur, tous deux tournaisiens, pour un son qui fricote avec le jazz, légèrement virtuose. Et Le post rock/folk/kraut des frangin/sister de Ropoporose ? Il fait toujours l’effet d’une caresse auditive. Et on en redemande, de leurs boucles hypnotiques, même quand c’est un peu plus noise. Même quand c’est Romain qui passe à la guitare et que Pauline lui explique longuement quel bouton de la pédale d’effets il doit enfoncer…

Bear - Ropoporose

Cela dit, donc, la claque du jour, c’est Lysistrata qui l’assène. Trois amis d’enfance, ces Français-là. Moyenne d’âge ? Si on leur pressait le nez, il en sortirait du Nesquik, alors faites le calcul… Dixit eux-mêmes : ils jouent du post un peu tout (rock, noise, math…), parfois instrumental, sinon c’est surtout le batteur qui donne de la voix. Le trio s’est fendu d’un ep fin avril, intitulé Pale Blue Skin. Au Bear Rock, leurs compos sont tout aussi denses, envoient et renversent tout sur leur passage. Ils ont beau avoir chipé leur nom de groupe à Aristophane, ils ne font pas dans l’intello mais dans l’organique. Ces garçons disent être fans de Fugazi et de La Colonie de Vacances : pas étonnant ! Et pas négligeable : une parfaite rampe de lancement pour La Jungle, tête d’affiche de cette édition. Toujours les doigts dans la prise, aux rythmiques toujours implacables et qui déclenchent même quelques danses tribales dans les trois premiers rangs, à la limite de l’hystérie sur « Hahehiho ». Mais c’était peut-être aussi la Caracole… Parce qu’au Bear Rock, voyez-vous, on sert de la Caracole, pas de la pils de festival !

Bear - Lysistrata

Bear - La Jungle - 1

Didier Stiers

PS : Lysistrata sera le 23 juillet aux Gentse Feesten.

 

Didier Stiers

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