Doux Jesus, La Femme au BSF!

Dimanche soir, il y avait de quoi faire au BSF. Option prise avec les revenants Jesus & Mary Chain et la toujours admirable La Femme.

The Jesus And Mary Chain, Place des Palais, 20h45.

BRUXELLES, BSF Brussels summer festival concert musique Jesus and mary chain.GOLINVAUX MATHIEU./LESOIR

Jesus & Mary Chain est un diesel. Fer de lance du rock bruitiste dès le milieu des années 80, le combo écossais des frères Reid a dû attendre près de vingt ans et la sortie du film Lost In Translation de Sofia Coppola pour obtenir enfin un tube, ce « Just Like Honey » qui accompagne la dernière scène du film. A ce moment de l’histoire, le groupe n’existe plus.

Il avait pourtant marqué son époque avec son rock velvetien baignant dans la blanche électricité et les opiacés, marquant des groupes à venir, de My Bloody Valentine à Spiritualized, The Brian Jonestown Massacre ou The Raveonnettes. Reformé il y a dix ans déjà, The Jesus & Mary Chain a proposé seulement cette année un nouveau Damage And Joy qu’on qualifiera « de tradition ». L’avant-garde d’hier, le classique d’aujourd’hui ?

C’est effectivement ce qu’on se dit en entendant les premiers titres offerts à la populace de la Place des Palais, ce dimanche soir. Du rock à guitares sales, certes, mais du rock un rien daté. Loin d’être mauvais ou inintéressant, mais, disons, inoffensif. Et puis, au fil du set, le son se fait plus lourd et électrique, les titres plus durs et tendus. « Some Candy Talking » (1986) marquant un point de non retour, tout comme le fameux « Just Like Honey » issu de l’originel Psychocandy (1985). A partir de là, c’est le bruit blanc qui parle. Rythmiques martiales et guitares sales, le son est lourd, le ciel électrique, et Jesus & Mary Chain redevient cette divinité du bruit, malsaine et dangereuse, jusqu’au final « I Hate Rock n’ Roll » qui dit tout ce qu’il y a à savoir. Et son contraire.


La Femme, Mont des Arts, 22h30

BRUXELLES, BSF Brussels summer festival concert musique la femme.GOLINVAUX MATHIEU./LESOIR

Au pied des marches, un groupe d’amis se serre autour d’un smartphone pour regarder la finale du 4X400 m. Las, les Belgian Tornados termineront une nouvelle fois quatrième, sans médaille. Heureusement, il restait La Femme pour se remettre de cette déception. La voilà qui arrive dans un halo psychédélique, entourée de ses sbires et garçons de joie. « Sphynx » et sa phrase d’ouverture « Dansons sous acide » donnant le la d’un concert qui naviguera entre titres urgents, pépites pop et longues plages psychédéliques. Inégal, forcément, mais c’est aussi pour cela qu’on aime La Femme.

Depuis la sortie du deuxième album Mystère et son passage au Botanique en novembre dernier, La Femme a fait du chemin. Première partie des Red Hot Chili Peppers sur plusieurs dates européennes, un Zénith parisien, une tournée asiatique, un titre parodié, une présence estivale de tous les festivals d’Europe avant les Etats-Unis et le Mexique. Bref, ça roule pour elle !

Sur scène, malgré un son parfois limite (on est au BSF…), la joyeuse troupe joue entre déconne et maîtrise. Car l’air de rien, l’édifice est solide. Les titres sont adaptés, réarrangés. La chanteuse Clémence Quélennec tient parfaitement la scène, de plus en plus à l’aise, sa voix toujours juste là où le guitariste Sacha Got reste en retrait, tel un chef d’orchestre qui garde l’oreille sur le foutoir ambiant, notamment celui offert par son comparse Marlon, tenue indienne, synthé à deux doigts et harangue de la foule.

Et donc, La Femme fait son chemin, et on s’amuse bien. Moments pogo (« Sur la planche », « Packshot », « Tatiana » et le grand final « Antitaxi » qui conclut désormais tous leurs concerts de façon bien bordélique), lévitations psyché (le – long – rappel « 2023 », « Vagues »), instant « Jacques Martin, je chante mal et faux mais on a bon » (« SST », la prise de micro de Sacha) et un rap fichtrement jouissif (« Exorciseur ») auront fait le sel de ce concert bon esprit de bout en bout.

DIDIER ZACHARIE
Photos MATHIEU GOLINVAUX

Journaliste lesoir.be

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1 commentaire

  1. Rotten

    15 août 2017 à 5 h 18 min

    Jesus & Mary Chain… bug total de programmation, on ne leur en voudra pas d’être venu chercher la monnaie, mais franchement, le BSF n’est pas le cadre pour ce type de groupe.
    La Femme, par contre, oui. Bien dans la tendance, bien dans les petits papiers des chroniqueurs arty, de ces groupes de divertissement qui vont bien au BSF et aux fêtes adulescentes de salons bleus.

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