Le plus grand groupe de metal est pour deux soirs au Sportpaleis d’Anvers. Verdict du premier concert.
Ca commençait mal…
Une scène comme un ring de boxe plantée au milieu de la salle. Sous chaque côté, des ordinateurs de bord manipulés par des hommes de science, des guitares de rechange, une véritable armée qui s’affaire à on ne sait trop quoi. 21H20, enfin, la musique d’Ennio Morricone retentit et des dizaines d’écrans s’allument sur la scène du cimetière dans Le Bon, la Brute et le Truand. Dans le fond, les petits bonhommes s’agitent, il y a du mouvement dans l’allée qui mène au ring. On devine les Four Horsemen qui arrivent, entourés de gardes du corps, en courant comme Rocky, puis ils s’arrêtent net : guitare en bandoulière, oreillette, ça fonctionne ? Boum ! A peine sur scène, et ça bastonne le titre d’intro « Hardwired » avec son « We’re so fucked! » post-adolescent.
Et là, on se dit que, oui, on est bien fucké. Le son est dégueulasse. DE-GUEU-LAS’. Ca bastonne dans le vide, on ne distingue aucun instrument, on entend à peine la voix. Sur les écrans, quatre quinquagénaires qui semblent habillés comme pour Halloween, tirent la langue, crachent et donnent l’impression de jouer un rôle qui n’est pas le leur. Qui n’est plus le leur depuis des années. Pour résumer, on a l’impression d’être dans Spinal Tap.
A quoi Metallica joue-t-il ? C’est la question qui se pose depuis bientôt vingt ans. Voici des personnes multimillionnaires qui donnent l’impression d’être des chefs d’entreprise, gérant leur petit groupe créé en 1981 comme une multinationale, se retrouvant tous sur un point: votre argent. A 99 euros la place dans la fosse et des tickets VIP jusqu’à… 2.500 euros, quel est le but de cette tournée ? Qui pourrait bien être une des plus lucratives de l’année – surtout si on ajoute les bénéfices aux stands de t-shirts, véritablement pris d’assaut. Alors, à quoi joue Metallica ?
La réponse arrive au fur et à mesure d’un concert de près de 2h30, qui, même s’il tirera quelques fois en longueurs, ira crescendo. Metallica joue à son jeu préféré depuis toujours : Metallica joue du metal !
« Est-ce que la famille Metallica est bien présente ? » Car c’est bien de cela dont il s’agit. Une famille. Une tribu. Un clan. Et tous les metallheads venus headbanguer en auront eu, non pas pour leur argent (aucun concert ne vaut cent euros), mais bien pour leur passion. Les quatre Californiens ont ravivé la flamme qu’on pensait éteinte chez eux. Mais on avait oublié un truc : le metal, c’est plus fort que toi ! C’est même plus fort que Metallica, qui s’est comporté mercredi non pas en maître absolu et autoritaire du genre, mais en fidèle et respectueux disciple. Le Dieu metal n’a que faire faux semblants. Il les élimine.
Déjà, la bande à Hetfield n’est pas là pour envoyer du best of mièvre et facile, mais bien pour supporter son nouvel album Hardwired… To Self-Destruct, dont ils ont joué six titres. Lesquels sont entrecoupés de vieux tubes, mais pas les plus évidents, plutôt les tubes secondaires qu’il fait bon réentendre (« Seek and Destroy » du premier album Kill’Em All avec des images d’époque sur les écrans qui descendent pour l’occasion, « Through The Never », « Fade To Black » et « For Whom The Bell Tolls »).
Le premier grand moment du concert viendra avec « Now That We’re Dead », un des meilleurs titres du dernier album, et son passage durant lequel les quatre cavaliers lâchent guitare et batterie pour frapper sur une batterie électronique. Les titres sont longs et tortueux, réagencés pour le live, ils proposent chacun un passage qui nous prend par la peau des fesses et nous entraîne sur le ring. Et le son, miracle, se met en place.
Evidemment, les quatre musiciens connaissent leur métier : Lars Ulrich, 53 ans, frappe toujours comme un fils de Thor sur ses fûts (au point de changer de baguettes après chaque morceau), la guitare de Kirk Hammett est comme une extension de ses bras et James Hetfield a toujours la voix rocailleuse et menaçante. On s’arrêtera ici sur le rôle pris par Robert Trujillo. Arrivé en 2003 au sein du groupe, il est bien plus qu’une pièce rapportée, bouchant le trou laissé par Jason Newsted. C’est un bassiste absolument monstrueux, félin, qui utilise l’espace, dégage une énergie folle et va jusqu’à prendre aussi le micro.
C’est d’ailleurs lui qui lance la reprise « locale » (dans chaque ville, Metallica reprend un groupe local, par exemple Trust et « Antisocial » à Paris), à savoir « This Is Rock N’ Roll » du groupe punk anversois The Kids… Que la moitié de la salle ne connaît probablement pas. Mais il y va, l’ami Robert, accompagné de Kirk Hammett. Metallica ne se fout pas du monde, non. Il est aussi là pour son public. Chaque soir, il converse avec, essaie d’en être le plus proche possible. Bien sûr, ce n’est pas donné, loin s’en faut, mais au-delà de ces considérations pécuniaires, le spectacle est total, à l’américaine, c’est-à-dire, sérieux, pro, honnête et sincère. Les quatre Metallica sont là pour offrir une soirée dont les fans se souviendront, et ils s’y tiennent.
Après une heure et demie de son lourd et mise en condition, arrive la phase 3, et là, c’est la montée en puissance : « Creeping Death », « Moth Into Flame » et les énormes cylindrées que sont « Sad But True », « One » et « Master of Puppets ». Le show devient alors absolument dantesque et les metallheads lâchent complètement la bride, les chevaux galopent en toute liberté, direction l’Apocalypse. D’autant que le rappel sera encore plus fédérateur avec les über tubes « Nothing Else Matters » et, bien sûr, pour terminer, « Enter Sandman ». L’heure d’aller dormir. Sauf que personne n’a l’intention d’aller dormir. Ce soir, c’est la fin du monde, alors, autant en profiter et boire la coupe jusqu’à la lie en chevauchant l’éclair. Et Justice fut rendue pour tous. Les quatre cavaliers de l’Apocalypse sont bel et bien de retour.
DIDIER ZACHARIE
Photos MATHIEU GOLINVAUX
SETTLIST: INTRO The Ecstacy Of Gold (Ennio Morricone)/ INTRO Hardwired/ Hardwired/ Atlas, Rise!/ Seek And Destroy/ Through The Never/ Fade To Black/ Now That We’re Dead/ Confusion/ For Whom The Bell Tolls/ Halo On Fire/ This Is Rock’n’Roll (The Kids)/ Whiskey In The Jar (Thin Lizzy)/ Creeping Death/ Moth Into Flame/ Sad But True/ One/ Master of Puppets RAPPEL Damage, Inc./ Nothing Else Matters/ Enter Sandman
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Goossens Renaud
2 novembre 2017 à 11 h 59 min
Perso j’ai trouvé le son mauvais (pour ne pas dire pourri) du début jusqu’à la fin. Quel gâchis !
Michael
2 novembre 2017 à 13 h 47 min
Et encore, c’était bien pire pour Kvelertak en ouverture … même si je n’aimait de toute façon pas ce groupe.
Loxhay Stéphane
2 novembre 2017 à 14 h 29 min
Tout à fait Mr Goossens. Je suis tout à fait d’accord avec vous.
Un son vraiment dégueulasse!! Payer 99 eur et avoir ce son là est assez frustrant.
Demeyer Christophe
2 novembre 2017 à 16 h 44 min
Bien d’accord avec vous Monsieur Goossens, et le début de l’article le mentionne également. Je suis étonné qu’il ait l’air de considérer que le son s’est amélioré par après…sans doute son oreille s’est habitué…en tout cas sa vue n’est pas bonne non plus, car je me demande bien où il a vu les costumes d’Halloween…remarque peu à propos. Nous devions être situés quasi au même endroit car j’ai le même ressenti que vous.
Demeyer Christophe
2 novembre 2017 à 17 h 42 min
Le son pourri a affecté les oreilles du rédacteur de cet article, mais également sa vue. Car pour voir des costumes d’halloween il fallait soit avoir beaucoup d’imagination soit être totalement à côté de la plaque.Vu son analyse des titres, j’opte pour la seconde.
ING
6 novembre 2017 à 17 h 27 min
Je suis d’accord avec vous, j’ai également été assez déçu. Espérons qu’ils se rattraperont la prochaine fois, ce n’était pas digne de leur réputation !
Maryline
2 novembre 2017 à 15 h 11 min
Absolument d’accord en ce qui concerne le son…surtout avec le premier groupe qui a été plus qu’un supplice qu’autre chose pour mes oreilles!
Par contre je ne suis sidérée de lire dans et article, autant de critiques vis à vis du groupe, notamment en ce qui concerne… leur tenue…?! Jusqu’à preuve du contraire, c’est bien loin de ressembler à un quelconque costume de Halloween!!! Mais d’où est-ce que l’on peut sortir une telle absurdité? Très franchement, cet article n’est pas à la hauteur de l’époustouflant show que nous a livré Metallica, mais digne du niveau de frustration du “journaliste” (si je peux le qualifier ainsi…) d’être bien dépassé.
Heureusement rattrapé sur la fin de sa prose. Merci Didier.
Beuthe Stephane
3 novembre 2017 à 0 h 58 min
D’accord avec un point: le son était archivé dégueu pour le groupe en 1ère partie: impossible d’entendre le « chanteur » (qui visiblement beuglait plus qu’il ne chantait). Par contre le son des four Horsemen ne prêtait pas à. Gotique selon moi. Il est vrai que nous étions placés à 4 m de la scène. Sans doute la perception du son était moins bon pour les personnes assises dans les gradins. Je ne suis pas dnaccord avec le ressenti du journaliste qui a écrit le début de l’article: les boys étaient top, idem pour je show (le show des cubes lumineux, les minus-drones lumineux, top!), le respect déployés et clairement perceptibles des four Hirsemrbt pour leurs fans faisaient virement chaud au cœur. Oui ils sont multi-$$$, so fuckin’ what ? Ils étaient content d’etre là, l’ont montré sans détour … et nous les fans, également! Ne boudons pas notre plaisir et faisons-leur honneur!