Fuzz sacré et psychédélices

Les Américains de Moon Duo étaient mercredi à l’Eden. Charleroi, piste d’envol vers les étoiles !

C’était en 2015, un jour de juillet, au festival de Dour, il faisait chaud… Les San Franciscains psychédéliques de Moon Duo assénaient une des belles claques de cette édition, planqués dans la pénombre entre leur mur du son et leurs projections. Le genre de souvenir qui file quelques frissons, réactivés un jour de novembre 2017 à la lecture de ce petit post sur la page Facebook des Américains : « Back in Europe, ready for the cold ! »

Pas de « cold » cela dit mercredi soir. A l’Eden, on fait bien les choses et on programme… Moon Duo ! Deux albums ont entretemps vu le jour, Occult Architectures volume 1 et Occult Architectures volume 2, inspirés, expliquent leurs auteurs, par les structures cachées dans toutes les choses et celles qui les relient à leur contraire. Comme les deux faces de la Lune, le Yin et le Yang, le jour et la nuit, l’acier et le cristal de Bohème. Mais trêve de plaisanterie ! Moon Duo en live, c’est avant tout une expérience immersive hautement addictive, dont l’effet est le produit combiné du son et du visuel.

Frontstage - Moon Duo 2

Le son… Rythmiques binaires, implacables (une batterie et des pads confiés à John Jeffrey ont remplacé la machine des débuts). Voix mixées un peu plus en retrait que sur disque, longues volutes instrumentales. Fuzz, delay, réverbe, et titres dont les structures, justement, semblent se répéter à l’infini. Il y a quelque chose d’enjôleur – les mélodies ont même un petit tour enfantin – et en même temps d’agressif dans ce mélange de guitare et de claviers, enveloppant les harmonies nouées par Ripley Johnson et Sanae Yamada. « The death set » est juste ravageur, « Free the skull », énorme et « Sevens » une épiphanie ! Quant aux structures répétitives, Sanae explique : « Je pense que c’est vraiment quelque chose de primal. Ça déclenche chez moi quelque chose de physique, et ça affecte les gens psychologiquement. » On n’aurait pu mieux l’exprimer !

Et les visuels… Aaah, les visuels ! Projections et lights : tout se passe en fond de scène, en volutes et motifs nerveux sur le grand écran circulaire, en kaléidoscopes et faisceaux de couleurs balancés en direction de la salle. Un régal pour les photographes… Et, encore une fois, l’une de ces clés qui ouvrent l’espace cosmique dessiné par le trio. « Lost in light », qu’ils disaient…

Moon Duo termine alors son heure et quart de concert par deux reprises, dans la même veine psyché-space-kraut : « Jukebox babe » d’Alan Vega (on ne s’était pas trompé en se disant qu’il y avait du Suicide dans « Cold fear », extrait du Volume 1), et puis « No Fun » des Stooges, juste parfait. Il n’y aura eu que de rares blancs entre les titres, toujours comblés par des bribes d’interférences radio… Immersion totale donc. Et on en sort un peu désorienté, c’est dire !

Didier Stiers

Moon Duo joue ce samedi soir au Kreun (Courtrai/Bissegem), en ouverture du Sonic City Festival, avec The Soft Moon, Metz…

Didier Stiers

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