Carla dal Forno, en son jardin

Il y a de ces concerts dont on voudrait qu’ils ne s’arrêtent pas. Comme celui de l’Australienne, au Botanique samedi dernier, par exemple. Eh oui, l’électro lo-fi fait parfois tellement de bien…

Il offre décidément quelques pépites, le label londonien Blackest Ever Black ! Entre les Tropic Of Cancer, Dominick Fernow alias Prurient ou Vatican Shadow, Regis et autres Cut Hands, Carla dal Forno crée un univers bien à elle. L’Australienne (de Melbourne), installée un temps à Berlin et désormais à Londres, formation classique/mémoire de fin d’études en art thérapie, s’écoute sur un album, You know what it’s like, et un ep sorti en octobre, The garden. En live, son « électro » romantique, lo-fi mais non dénuée d’élégance, prend encore une autre dimension.

Début avril, elle était à l’affiche de BRDCST, l’excellent festival « de découvertes » de l’AB. Ce samedi soir, au Botanique, à l’occasion de la 53e Fantastique Night (à laquelle participent également Black Heart et Panther, une Autrichienne et un duo belge), Carla dal Forno termine son Garden Tour et donne par la même occasion son dernier concert en Europe pour 2017.

Sur scène se dégage quelque chose de charmant et d’inquiétant à la fois. Le charme, c’est elle, évidemment. Sa présence délicate, sa manière de chanter empreinte de douceur bien plus que de mélancolie. « Je n’ai jamais voulu faire de la musique mélancolique », insiste-t-elle dans une interview au Drone. On a là presque quelque chose de folk. Et à coup sûr, on est moins dans l’atmosphérique ou l’ambient que sur l’album : la voix est d’ailleurs claire et mixée plus en avant, les mélodies s’imposent nettement, et dans l’espace confiné du Witloof Bar, l’intimité qui s’installe est juste parfaite.

L’étiquette post-punk gothique qu’on lui a déjà collée n’a donc jamais paru aussi peu juste, sauf si on s’attache plus particulièrement aux accents parfois funèbres de cette basse dont elle s’accompagne ici et là selon les morceaux. Ce côté obscur, en live, il est aussi derrière elle, incarné par un grand type (Mark ?) penché au-dessus de ses consoles. Le garçon, qui retire puis remet régulièrement son casque sur les oreilles, déforme et triture les sons, les textures, mélange le numérique et l’analogique et distille quelques beats parcimonieux. Quand il ne cogne pas lui-même sur la table à côté de ses appareillages.

Frontstage - Cdf 2

Ainsi traités, « We shouldn’t have to wait », « Fast moving cars », et même « The garden » (en hommage aux Teutons de Einstürzende Neubauten), dévoilent alors une autre facette de l’artiste : interprète sensible, elle est aussi une auteure et une compositrice dont les chansons s’avèrent résolument évocatrices. Merci de nous revenir rapidement, Carla !

Didier Stiers

 

Didier Stiers

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