Starcrawler : un jour peut-être…

Les quatre de Los Angeles débarquaient vendredi soir dans un Witloof Bar bien rempli. Leur rock mitonné à l’ancienne se tient, mais pour être totalement sur le cul, on attendra encore un peu.

Surtout, on va commencer par se calmer ! Parce que c’est dingue, tout ce qu’on a déjà pu lire sur Starcrawler ! Entre les « on a vu le futur du rock’n’roll » et autre « le rock’n’roll à nouveau dangereux », on finirait presque par perdre la tête et y croire. Alors qu’il n’y a pas vraiment de raison, ce vendredi au Bota.

Certes, ces quatre-là forment un bon groupe. Surtout en considérant qu’il s’agit de gamins tout juste sortis de l’école (moyenne d’âge même pas 20 balais), et qu’ils jouent ensemble depuis deux ans à peine. Mais Austin le batteur, Tim le bassiste et Henri le guitariste (qui filera ce vendredi sa gratte à un jeune fan pour quelques minutes de riff) savent manier leurs instruments, connaissent manifestement leurs classiques. Et viennent de sortir chez Rough Trade un premier album, produit par Ryan Adams qui en dit (forcément) le plus grand bien. C’est vrai aussi qu’ils ont écrit des morceaux qui restent dans l’oreille, comme ce « Castaway » qui leur sert d’intro, « Ants », « Pussy tower » ou cet « I love L.A. » au refrain bien L7, clippé par la maman de la chanteuse (madame est photographe).

Frontstage - Starcrawler 2

La chanteuse, justement… C’est Arrow de Wilde qui focalise toute l’attention du public. Auquel, ce soir, elle n’adressera jamais un mot. Cheveux rouges, son grand corps tout maigre moulé dans un top couleur chair, un corset, des bas et des manchettes pailletées/cloutées : on dirait un mélange de Marilyn Manson et de Hole, dans un physique de phasme. Qui se contorsionne, fait le pont, jette à droite et à gauche des regards déments… Arrow, fan d’Ozzy Osbourne, a l’air d’être dans son monde, un peu dingo, s’en va cracher sur le premier rang, se mouche un coup dessus, aussi… Puis finit la bouche et le visage barbouillés de faux sang, avant de cavaler soudainement à travers les spectateurs (comme à son habitude), et notre « Chicken woman » de disparaître pour de bon.

De là à dire (on l’a lu) qu’il y a du Cramps chez Starcrawler… merci de laisser Lux Interior reposer en paix jusqu’à nouvel ordre ! Mais donc, quarante minutes après les premières notes, le concert est terminé, et il n’y aura pas de rappel. Avec un album sous le bras, difficile de faire plus long. Comme on l’a entendu : « Eh, 15 euros, c’est aussi difficile de faire plus cher ! » Dommage que ce concert court ne soit frénétique que parcimonieusement, et dilué par quelques blancs entre les titres (Arrow est alors dos au public, agenouillée face à son batteur). Parce que du coup, dans le genre bref mais intense et « confrontationnel », on a déjà vu plus saisissant. Cocaine Piss, par exemple. Et par rapport à une bande de sauvages comme les Stooges ou les Guns N’Roses des débuts, dans le genre freak show, Starcrawler reste évidemment sagement dans les clous. A moins que, peut-être, l’exiguïté de la scène du Witloof Bar n’ait été un frein. Que leur fin de tournée européenne les laisse fatigués. Ou que les chroniqueurs aient beaucoup fantasmé, prêtant au groupe des intentions qu’il n’a pas forcément. « Nous avons le rock en commun et nous voulons en jouer, confiait ainsi Arrow au magazine Interview. Au minimum, je veux qu’il redevienne populaire comme il l’a été. Mais nous le faisons aussi pour le fun. Nous faisons juste de la musique. »

Au final ? Comme l’album : un sentiment de trop peu, de pas tout à fait fini. Mais sympa, à l’image des quatre qui reviennent papoter avec les gens après leur set.

Didier Stiers

 

 

Didier Stiers

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