C’est jeune et frais, parfois mignon comme la frimousse d’un chaton sur le Net. Bref, Superorganism était hier au Bota, promesse d’une semaine en technicolor.
Petite surprise ce lundi soir : la Rotonde affiche complet ! Le sold out a mis le temps, survenant dans la dernière ligne droite des ventes. Normal, notez bien, vu que Superorganism n’a pas encore sorti d’album (il arrive le 2 mars) et que le groupe n’est pour l’heure précédé que d’un buzz – certes conséquent -, alimenté par deux « hit » singles, « Something for your M.I.N.D. » et « Everybody wants to be famous ». En plus de tout ce qu’on a déjà pu raconter sur ces huit jeunes gens venus d’un peu partout, dont sept vivant dans la même maison du côté de Londres et qui se retrouvent aujourd’hui signés sur Domino.
« They will fuck with your brain, turn it inside out, make you question what you knew to be possible from the art of using instruments to make music », décrétaient récemment les chroniqueurs de chez Noisey. Bon, n’exagérons rien : mon cerveau se porte toujours bien, nonobstant les 45 minutes de concert de ce premier jour de semaine d’après congé. Par contre, il est indéniable qu’on voit ce lundi soir quelque chose que plus personne ne fait depuis un bon moment, ou peu de groupes en tout cas : penser « show », donner à voir et (éventuellement) à vivre, en plus de jouer et de chanter. Superorganism, c’est un tout, quoi !
Un grand drap en fond de scène, des petits écrans ici et là entre les musiciens, des cirés (ou des k-ways ?) colorés pour tout le monde : le visu et les projections sont pour le coup aussi amusantes que spectaculaires. Une crevette frétillante (pour « The prawn song »), des façades de smartphones, des chatons, des étoiles et une baleine dans l’espace : comme dans les clips accompagnant les deux titres susmentionnés, on en prend plein les yeux avec ce groupe clairement de la génération Internet.
Lors de notre rencontre, il y a trois semaines, ils avaient aussi évoqué leurs chorégraphies. Eh bien, il y en a, signées par les trois choristes, un peu farces, un peu absurdes, jouant du tambourin enrubanné et de la clochette. A la tête de tout ce monde, la petite Orono Noguchi, 18 ans, assure comme une cheffe, avec ou sans lunettes 3D. Son sérieux – en tout cas tant qu’elle ne commente pas entre les morceaux – contraste même avec la fraîcheur ludique dégagée par les musiciens qui ont l’air plutôt contents d’être là. Leur pop psychédélique nourrie aux bandes-son de jeux vidéo, aux beats dance et hip hop, à l’électro et truffée de samples vocaux ou d’harmonies vocales angéliques… « It’s all good » est un concentré parfait de cette sono globale.
Après : les évidences… Jouer « Everybody wants to be famous » en fin de set, par exemple, et livrer « Something for your M.I.N.D. » au rappel. Ou se demander ce que ça donnerait avec un poil moins de programmation, une dose de spontanéité en plus. N’empêche, Superorganism reste une chouette découverte. Et ils bossent, dites ! En quittant le Bota, on les croise ainsi dans le hall, trimbalant eux-mêmes leur matériel jusqu’au camion. « Demain, on joue à Amsterdam. » Chiche qu’ils reviennent par chez nous cet été ?
Didier Stiers
(Photo groupe : Jordan Hughes)
Setlist : It’s all good – Nobody cares – Night time – Reflections on the screen – The prawn song – SPRORGNSM – Nai’s march – Everybody wants to be famous. Rappel : Something for your M.I.N.D.