L’AB affichait complet, jeudi, pour le troisième concert en trois ans en ce lieu des jumelles franco-cubaines.
Lisa et Naomi, 23 ans à peine, ont tout pour elle. Elles sont musiciennes, elles sont belles, elles adorent danser et leur multiculture (mère et terre françaises, père cubain et label anglais) se traduit par une pop world décoiffante défendant avec le sourire des idées humanistes positives.
Les jumelles, sur scène comme en studio, affichent une réelle complicité, un amour tendre qui cache bien leurs multiples différences. Lisa, c’est celle qui a les cheveux en pétard, écrit et compose, joue du piano. Naomi, et ses tresses, c’est l’arrangeuse et la percussionniste. Toutes deux ont fait le Conservatoire et transpirent la musique comme pas deux. La première est en basket, la seconde en talon haut. Elles ont beaux porter toutes les deux la même salopette rouge et le même pendentif autour du cou, elles affichent vite leurs différences. Lisa, c’est l’extravertie, l’exubérante, la chanteuse qui aime s’éclater. Naomi, derrière ses percussions, est plus réservée mais tout aussi souriante et charmante. A elles deux, elles forment Ibeyi (jumelles, en langue yoruba), un duo fusionnel qui, sur scène, ne s’encombre d’aucun musicien, remplacé par les boucles synthétiques qui donnent ce petit côté dance à leur musique très moderne (infrabasses comprises). Tout leur art repose sur cette harmonie vocale éblouissante. Lisa et Naomi adorent mêler leur voix et ça donne des chansons coups de poing sur “Deathless” ou “No Man Is Big Enough For My Arms”. Et on retrouve avec un égal plaisir nouveaux et anciens titres déjà chantés en mars et octobre 2015 en cette AB qui leur va si bien: “River”, “I’m On My Way” ou encore “Mama Says” ne sont pas oubliés. On aimerait qu’elles chantent un peu plus en espagnol ou en yoruba tellement ces langues coulent à merveille dans leurs veines. Le public, très métissé à l’image de leur musique, prend plaisir à danser et chanter avec elles. Coup de chaud, de fraîcheur et d’énergie, un concert d’Ibeyi, c’est une vraie tornade excitante et énergisante comme on aime tant en vivre.
THIERRY COLJON
PHOTO MATHIEU GOLINVAUX
Ibeyi revient à Couleur Café le 29/06 et aux Ardentes le 6/07.