Festival découverte de l’Ancienne Belgique, BRDCST a, cinq jours durant, offert son lot de concerts comme on n’en voit rarement ailleurs. Parmi une programmation riche, citons James Holden et Kyle Dixon et Michael Stein de S U R V I V E.
Jeudi 5 avril : Kyle Dixon et Michael Stein (S U R V I V E) : The Music of « Stranger Things »
Connaissant la série, on imaginait un trip musique de film tendance années 80 à la John Carpenter. A vrai dire, personne ne savait réellement ce qu’il allait découvrir. La réponse s’est cachée dans une fumée épaisses et des néons de couleurs tout au long de 70 minutes d’un concert où l’étrange et le fascinant se sont entremêlés. Kyle Dixon et Michael Stein, la moitié du groupe electro S U R V I V E, ont en tout cas l’art d’installer une ambiance. Et d’envoyer des infrabasses qui chatouillent les mollets et remontent la colonne vertébrale. Loin du trip série pop 80’s, les deux font dans l’abstraction bruitiste, l’ambient techno déstructurée. Ca et là, le duo fait référence à la série, mais c’est loin d’être évident. En tout cas, le son optimal nous offre un trip sensoriel digne de la meilleure sci-fi. Sûr, on aurait peut-être préféré apprécier la chose en mode assis, façon Bozar Electro, histoire de nous immerger complètement dans les fréquences, mais la découverte en valait la peine. Et les deux ombres de quitter les lieux sans mot dire, comme deux fantômes venus d’un autre espace-temps.
Dimanche 8 avril : James Holden & The Animal Spirit
Depuis toujours, James Holden est à la recherche de la transe. Déjà, quand il faisait de la techno pour les clubs, c’était l’idée. De même qu’aujourd’hui, avec son nouveau projet Animal Spirit qui fusionne electro, jazz, krautrock et musique gnaoua. A cinq sur scène, avec percus et cuivres, Europe et Afrique réunies, le groupe en est vraiment, et lance des envolées néo-psyché sur base de rythmiques africaines, relevées de mélodies jazz tandis que le patron, faisant office de chef d’orchestre, s’occupe des basses énormes et rondes qui grimpent et grimpent, décollent et… retombent. C’est que, après avoir tourné sans support pendant plus d’un an (notamment à Bozar Electro en 2016), James Holden et sa troupe s’appuient désormais beaucoup (trop) sur le disque. Lequel est impeccable, là n’est pas la question. Simplement, le live nous a frustrés, trop cadré, trop répété, peut-être. S’il nous a transporté vers les hauteurs, on était tout de même encore loin de la transe promise. Il n’empêche, l’expérience musicale valait plus que le détour. Et on suivra encore longtemps James Holden dans ses recherches de l’esprit.
DIDIER ZACHARIE