#Nuits18 : Des hommes qui doutent

L’intensité d’Amen Dunes, la zozotitude d’Insecure Men : on n’a été voir des mecs, vendredi soir, mais des fragiles, rien que des fragiles !

Les chansons de Damon McMahon peuvent s’alanguir, être portées par des claviers qui dessinent d’insidieux motifs psychés, évoquer un sujet poignant, baigner dans une atmosphère un peu mystérieuse ou encore filer à l’anglaise dans l’uptempo, elles dégagent la plupart du temps une intensité à laquelle il est difficile de rester insensible. Voyez déjà, ou plutôt écoutez celles qui figurent sur Freedom, l’album sorti fin mars par son alter ego Amen Dunes.

Ce vendredi au Musée converti comme tous les ans en Grand Salon, c’est la même intensité qui saisit dès l’ouverture – sublime -, avec « Bedroom drum », extrait de Through donkey jaw paru en 2011 sur l’excellent label Sacred Bones. Et il en ira plus ou moins de même pendant l’heure (ou presque) de ce concert attendu. D’autant plus quand il dédie « Freedom », la plage titulaire de son petit dernier à Hsi-Chang Lin alias Still, le dj du tandem de rap hardcore/expérimental Dälek au début des années 2000, décédé il y a quelques jours à peine. « C’était un ami de longue date. C’est dur… » Avec « Miki Dora », c’est un autre disparu qu’il évoque, une légende du surf des années 50 et 60 mais au profil quelque peu trouble. Mais à chaque fois, le délicat vibrato de McMahon donne quelques frissons.

Frontstage - Amen Dunes

Un regret ? Oui, un gros : la position du groupe, en carré au milieu du public. Certains ont donc passé ce bout de soirée avec le dos du chanteur new-yorkais en ligne de mire !

Pas de souci de place par contre à l’Orangerie où joue Insecure Men, le groupe anglais et ses deux têtes pensantes, Ben Romans-Hopcraft du groupe Childhood et Saul Adamczewski, guitariste (réintégré après avoir été viré) de Fat White Family. Le premier album éponyme, enregistré à New York chez Sean Lennon et en partie coécrit par Lias, le chanteur de FWF, est sorti en février. Leur truc, à ces fans de Denim ? Des sujets tristes, nazes ou scabreux mais joliment emballés. Tenez, « Mekong Glitter », par exemple, évoque Gary Glitter, le glam rockeur anglais coincé en Asie du Sud-Est pour pédophilie et condamné à 16 ans de taule pour les mêmes motifs.

Sur scène aussi (où ils peuvent être jusqu’à neuf, paraît-il), l’exécution est pop, mais d’une pop un peu de traviole, un peu enfantine, hawaïennement farfelue sur « Heathrow », qui mélangerait une touche de Damon Albarn et une bonne louche de slacker. Sans oublier le saxo, qui cadre parfaitement avec leurs idées de zozos. Découverte !

Frontstage - Insecure 2

Didier Stiers

 

 

Didier Stiers

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