Soirée en trois temps, ce samedi au Grand Salon. Avec Ropoporose d’abord, BRNS ensuite, et BRNSRPPRS pour terminer, soit les deux groupes jouant ensemble une création comme les Nuits Bota en accueillent depuis quelques années.
Voilà de fait un bon moment que les Nuits Botanique distillent dans leur programme de l’inédit total, fruit de la rencontre entre des artistes qui, ailleurs, ne se seraient peut-être jamais croisés. Si l’ensemble Musiques Nouvelles de Jean-Paul Dessy a souvent été mêlé à ces projets, et ce sera encore le cas le 5 mai pour l’« Expérience Pi » qui le verra associé au rappeur/comédien Pitcho, il arrive parfois que l’initiative vienne du dehors : les quatre de BRNS et les deux de Ropoporose se connaissaient, eux, « de réputation », avant de proposer un set commun au boss des Nuits. Lequel a dit oui à condition que ce soit, justement, une création. Et ce ne fut certainement pas la moins bonne de ses décisions !
Douze jours de taf plus tard, la nouvelle formation franco-belge (moins Lucie côté bruxellois) accouchait de 40 minutes de musique, sous le nom de BRNSRPPRS. « Un très mauvais nom », comme le soulignera Tim Philippe en cours de soirée. Mais de bien belles compos, à commencer par « Woe », mise en images dans le cadre dans cette résidence. Le mariage sonne comme une évidence, la fougue des uns s’insinuant dans l’hypnose pratiquée par les autres, la spontanéité et l’improvisation n’effaçant en rien l’émotion ou… l’efficacité. Les deux batteries n’écrasent rien, au contraire, elles se répondent. A quand une deuxième scène ainsi partagée ? Si possible : vite !
Samedi, 20h00… Cette scène de Grand Salon est donc d’abord la propriété exclusive de Ropoporose. Pauline au chant, aux claviers, percussions et à la guitare, Romain à la batterie, à la guitare et aux claviers. Frère et sœur à la scène comme dans la vie de tous les jours, adorateurs d’Arcade Fire, du moins, c’est ce qu’ils disaient dans une interview de 2015, à la sortie d’Elephant love, leur premier album. Interview dans laquelle Pauline racontait aussi avoir reçu le surnom de « Kim Gordon de poche ». Bien vu !
Ce soir, leur set est quelque peu chahuté par quelques soucis techniques, les obligeant à s’interrompre puis recommencer à l’une ou l’autre reprise. Un groupe habitué des stades et des méga festivals, à la production barnumesque, on le sifflerait, non ? Ici, ça fait un peu mal au cœur, on compatit, vraiment ! Et on se sent soulagé quand cette même technique les autorise à reprendre le cours du concert. Post- et math-rock redessinent alors des structures hypnotiques, la voix de gamine reprend sa fonction d’instrument et les mots rejouent leur musique plus qu’ils ne servent pour leur signification exacte. « Jusqu’ici, c’est un sans faute », lâche Romain… Bon humour ! Tout s’achève avec « Forty slates » : ils ont échangé leur place, Pauline est à la batterie et joue d’un petit accordéon pour enfant. Vous savez quoi ? C’est juste émouvant, ce truc !
Épisode deux : BRNS. Toujours aussi dynamique, aventureux, un peu allumé même. Et plus encore qu’avec leur « Mexico », que quelqu’un leur réclame (comme s’ils n’allaient pas le jouer !?), ils ont pondu un vrai tube avec « My head is into you » ! En tout cas, ce soir, il claque magnifiquement bien. Quant à la surprise des chefs, c’est l’arrivée de César Laloux, l’ex claviériste remplacé par Lucie et parti vivre sa vie avec Mortalcombat. Il se trouve que « The missing » (extrait de Sugar high et pas souvent joué en live) fait partie de la setlist de ce soir. Et comme il est en grande partie responsable de ce titre, l’invitation s’imposait.
Épisode trois : BRNSRPPRS, donc. Qu’on voudrait réentendre et revoir le plus vite possible. On l’a déjà dit ? Ah ben oui, mais vous savez ce que c’est, quand on aime bien, on compte peu. Et puis ce serait pas mal de mettre tout ça sur disque, aussi, hein !!
Didier Stiers
(Photos : Mathieu Golinvaux)