Les Aralunaires fêtent dès ce mardi 1er mai leur 10e édition. Parmi les concerts du jour, celui des Girls In Hawaii. Il y en aura beaucoup d’autres jusqu’au 6 mai, un peu partout à Arlon. Mais ça, c’est le principe : balader le fan de musique dans la ville.
« Quand on a lancé Les Aralunaires, commente Sébastien Cuvelier, l’un des deux programmateurs, ce genre de festival n’existait pas en Belgique. J’étais allé aux Nuits Sonores à Lyon en 2007, et c’est là que l’idée m’est venue. Ensuite, je suis allé à Iceland Airwaves à Reykjavík, et je me suis dit pourquoi ne pas faire ça en Belgique ? Et nous à Arlon, on a vraiment la bonne ville pour ! C’est super adapté à sa taille, au nombre d’habitants… Ça ne sert à rien de faire des concerts dans des salles de 1.000 personnes, ce n’est pas fait pour nous. On préfère les petits trucs dans plein de lieux différents, et faire participer toute la ville à quelque chose de beaucoup plus original. »
En 2009, Jean-Louis Murat, Poni Hoax ou encore (et déjà) Arnaud Rebotini prenait part à la première édition. Depuis, ils ont été nombreux, les artistes à leur emboîter le pas, de Fischbach, Frànçois & The Atlas Moutain et André Brasseur à Roméo Elvis x Le Motel en passant par Melanie De Biasio, Arno, Saule, Madensuyu et feu Daniel Darc.
Ce mercredi 1er mai, les Girls In Hawaii et Mortalcombat jouent donc au Hall Polyvalent, Bandits (le trio pour les tout petits avec Christophe Enclin dedans) à l’Institut Sainte-Marie et le Palais sera le théâtre d’un concert surprise et gratuit sur le coup de 17h. Le concept des Aralunaires, vous l’aurez compris, consiste donc à faire de la ville elle-même – et plus seulement du traditionnel Entrepôt – le théâtre des concerts. On y jouera encore, à l’Entrepôt, mais aussi à l’église Saint Donat où se produira Tamino, à la piscine de l’Athénée… Isha et Le Dé, notamment, apporteront la touche rap. De l’électronique ? Oui, avec Arnaud Rebotini, fondateur de Black Strobe et César 2018 pour la musique de « 120 Battements par Minute ». Quant au Lab, anciennement Le Parcours, réservé aux « talents de demain », il invite dans des lieux encore plus improbables : aux pompes funèbres, chez un opticien, ou carrément chez l’habitant comme pour Nile On Wax (le 6 mai). Parmi les extras, notez aussi une soirée dédiée au label Luik Records (le 6 également), à l’ancien Café du Nord habillé pour l’occasion aux couleurs de la Cité Ardente. Au programme : gaufres et pékèt, mais aussi Monolithe Noir, Jeremy Walch et Annabel Lee.
Trouver de nouveaux endroits chaque année, vu la taille de la ville, doit certainement être l’un des revers de la médaille, dans ce chouette festival. Sébastien Cuvelier parle de challenge : « On a fait le compte, et depuis le début, on a occupé plus de 100 lieux. Que ce soit un garage, une salle à manger, une salle de musée… Tous les ans, on est obligé de trouver des nouveaux lieux parce que ça amène une nouveauté, une certaine excitation. Une des parades qu’on a imaginée l’an passé, c’est d’organiser un concert secret : on emmène les gens à un endroit qu’ils ne connaissent pas encore et du coup, ça nous permet aussi de sortir un peu de la ville. Forcément, elle est petite, donc on sait que c’est dur de trouver des nouveaux lieux assez grands. » Parmi ceux de cette année : une piscine. « Une superbe piscine art déco, et le chanteur s’appelle Louis Piscine ! Lui sera au sec, mais le public sera dans l’eau. Tout ça pour dire que c’est vraiment lié à des lieux auxquels les gens ne penseraient même pas. Mais ils ont compris notre « délire ». Et là, ils nous contactent pour nous dire qu’ils connaissent un lieu, qu’ils ont chez eux un truc cool, et il y a vraiment un côté communautaire qui est en train de s’installer. »
Un côté communautaire, et puis aussi quelque chose qui tient parfois de l’exclusivité. Tamino jouera ainsi à l’église. En solo… « Il se retrouve le plus souvent en trio. Là, il va faire un solo dans une église, et je pense pas que ça se reproduira souvent dans sa tournée. Il y a deux ans, on avait eu Ala.ni, aussi en concert dans une église, et le final a capella était hallucinant. Plein de gens étaient venus de Bruxelles pour voir ça, parce qu’elle n’avait même pas fait ça à Bruxelles. C’est ça qu’on veut, créer des choses différentes, qu’on ne verra pas forcément au Bota ou à l’AB, et qui vont amener un plus au niveau affectif. »
Les Aralunaires, vues dans le rétroviseur, ça donne quoi ? Que se dit-on, à l’heure d’entamer l’édition numéro 10 ? « Qu’on a osé faire un truc vraiment différent, vraiment innovant, et on l’a fait chez nous à Arlon. Pas à Bruxelles, pas à Liège, pas à Anvers… Et ça a tellement bien pris qu’il y a d’autres villes qui ont fait pareil après. Je ne dis pas qu’on s’est forcément basé sur nous, mais on a certainement dû voir que ça marchait ici ! »
Didier Stiers
(Photos Olivier Donnet (Girls In Hawaii) et Sébastien Cuvelier)
Infos : www.aralunaires.be. Les pass 6 jours sont d’ores et déjà sold out.