Un activiste bruxellois de longue date, des p’tits jeunes portés par l’actuelle vague hip hop et l’une des dernières hypes françaises : samedi au Bota, on a décliné les beats à bien des sauces.
Pitcho et Musiques Nouvelles, c’était une rencontre imaginée il y a quelques années déjà et qui se concrétise aujourd’hui. Comme l’une des quatre créations proposées cette année aux Nuits. Au Grand Salon, celui qui a fait ses premiers pas au sein d’Onde De Choc se produit dans un cadre on ne peut plus feutré. Violoncelle (Jean-Paul Dessy), batterie et percussions, piano et guitare l’accompagnent au croisement du rap, de la poésie, du slam, de la musique. Et puis du théâtre : ne l’oublions pas, Pitcho a du métier de ce côté-là aussi. D’ailleurs, on s’en rappelle vite quand on le voit dire, « jouer » même, que « l’amour n’est pas obligé ». Rapper sur des sons moins conventionnels, on a déjà pu entendre ça ici et là. L’Expérience Pi est différente, par cette rencontre de deux univers à priori totalement séparés, par ce mélange plus riche qu’elle produit, mais également par l’indéniable présence de l’artiste dans ce cadre dépouillé de tout artifice. Surtout quand ses textes se font encore plus intimes (« Allo maman ») ou questionnent l’amour, justement. Ce lundi 7 mai, cette rencontre se produira une nouvelle fois, mais à Mons (Arsonic).
L’Orangerie est pleine pour accueillir Swing, l’un des trois mc’s de L’Or Du Commun. Épaulé à la prod/technique/musique par Junior Goodfellaz, il passe là en revue les titres de Marabout, son premier album solo. Le garçon dégage la même énergie positive que le trio dans lequel il officie. Entre deux titres au ton plus grave (« Corbeaux », par exemple), il n’y a que de la bonne humeur, une envie de faire les choses bien mais simplement. Dans la salle comme sur disque, le « Cours de danse » du jour est un cours de pogo. Et au beau milieu du public, on s’exécute et on se rentre joyeusement dedans !
Avant d’aborder ce « Rivage » récemment clippé, une petite surprise… Encore que, on l’attendait, ce « Mama » avec Blu Samu, seul feat de l’album. Dites, quelle voix elle a, cette fille ! Re-soulignons-le d’ailleurs : elle a du flow et du grain, lesquels se font aussi bien à des chansons plus soul/r’n’b (comme ce « Sade blu » qui sort ces jours-ci), qu’aux compos funky ou au rap (comme il y en aura, nous a-t-elle promis, sur son premier album à venir).
Si Labrique, le label bruxellois sur lequel œuvre la triplette de ce soir (Lous And The Yakuza & Primero complétant l’affiche), c’est la famille, L’Or Du Commun l’est aussi. Et comme en plus, tout Marabout y est passé, Swing ne pouvait donc décemment pas se priver de ses deux camarades : Loxley et Primero le rejoignent pour embarquer dans le Faucon Millenium d’« Apollo ».
Il reste un quart d’heure montre en main pour filer au chapiteau se faire une idée de ce à quoi ressemble aujourd’hui le show d’Eddy de Pretto. Se produisant avec son batteur (et une bande), il est désormais adossé à un mur de lights, style néons blancs, qui ne dépareille pas ce truc « urbain » qu’il décline lui aussi. Reste que cette formule ne permet pas vraiment de sortir des clous. « Normal », « Fête de trop » (là on dirait que quelqu’un vient de tomber sur le bouton « volume ») et puis en rappel, après une sortie de deux minutes max, « Ego » et « Honey » : les morceaux sont carrés, calibrés, comme des radio edits. Efficace et, même s’il a promis de garder « tous vos suçons » jusqu’à son retour à l’AB le 31 janvier 2019, très pro.
Didier Stiers